L’ex-défenseur international a participé au documentaire Passe Décisive avec Emmanuel Petit et Rolland Courbis. Il raconte ce qu’il a ressenti durant ces quelques semaines.

Pourquoi avoir accepté cette aventure en immersion au sein du Cosmos Saint-Denis ?

« C’est Benoît Pensivy, un des deux réalisateurs, qui m’a contacté pour savoir si ça m’intéressait de faire un documentaire sur le Cosmos Saint-Denis. Il m’a expliqué que c’était un club qui se trouvait au pied du stade de France et qu’il avait quelques difficultés sportives. Si ma réponse était positive, je devais m’investir à 100%. Je lui ai expliqué que le challenge m’intéressait. »

Vous vous attendiez à trouver ces difficultés au sein d’un club amateur ?

« Su le coup, je ne m’attendais pas à autant de difficultés car je restais sur l’image de mon club formateur, Villeneuve-la-Garenne. Mais je l’ai quitté à 12 ans pour l’INF Clairefontaine. Et là, on avait affaire à des joueurs seniors, donc plus âgés, avec des situations familiales et professionnelles qui font qu’ils avaient du mal à venir à l’entraînement. J’ai compris que ce n’était pas très simple au quotidien mais aussi que le football était un moyen pour eux d’oublier les difficultés qu’ils rencontrent dans la vie. »

« L’entraîneur fait beaucoup de social ! »

Après cette expérience, quel est votre regard sur le foot amateur ?

« La plupart des joueurs professionnels sont passés par un club amateur. Mais on a tous quitté ce monde assez tôt. Le fait d’avoir participé à ce documentaire nous a ouvert les yeux. A un moment, j’ai voulu connaître l’humain. J’ai eu l’occasion de passer du temps avec les joueurs, dans leur quotidien. Le discours que je pouvais apporter, c’était de tout oublier en franchissant le portail du stade. Il faut prendre du plaisir, échanger avec ses coéquipiers… que ce soit chez les pros ou les amateurs. Et le mental est très important. Ce n’est pas simple de venir à l’entraînement quand on a fait sa journée de boulot, qu’il pleut, qu’il fait froid. Et le meilleur exemple, c’est Mary, un jeune Guinéen, qui travaille au marché. Le dimanche, il venait en deuxième mi-temps après son travail et il était super heureux. »

Vous avez notamment compris que le rôle de l’entraîneur est difficile…

« Quand vous arrivez à l’entraînement et qu’il y a quatre ou cinq joueurs, ce n’est pas évident. Il faut être fort mentalement car, comme chez les professionnels d’ailleurs, l’entraîneur fait beaucoup de social. Ce n’est plus le même discours qu’il y a 15 ou 20 ans. Le rôle de technicien devient de plus en plus difficile ! »

Entraîner, c’est quelque-chose qui vous intéresserait ?

« Se retrouver sur un terrain, c’est plaisant car je n’avais pas trop eu l’occasion d’y revenir depuis ma retraite sportive (en 2014, N.D.L.R.). J’ai pris beaucoup de plaisir à prendre des séances, en montrant à ces joueurs l’exigence que j’ai pu connaître dans le monde professionnel. Sur un exercice, je demandais de la qualité car si tu demandes un bon ballon à tes partenaires, tu dois être capable de leur donner un bon ballon toi aussi. Ça m’a fait du bien ! »

William Gallas a pris le temps de faire connaissance avec les joueurs.
William Gallas a souhaité prendre le temps de faire connaissance avec les joueurs. (Photo RMC Sport)

« Je n’ai pas fait ça pour la télévision mais pour les échanges humains. »

Ça vous donne l’envie de passer vos diplômes ?

« Tout le monde me pose la question (rire). Je serais intéressé par la formation avec des jeunes de 15, 16 ou 17 ans afin de les préparer à cette dernière étape avant de passer chez les professionnels. Avec mon expérience et mon exigence, je pourrais les aider. J’ai toujours en tête ma période à l’INF Clairefontaine puis au centre de formation de Caen car il a fallu de l’exigence pour passer le dernier palier. C’est mentalement qu’on voit la différence. Et pour moi, le meilleur exemple, c’est Cristiano Ronaldo car il se remet toujours en question. Le plus difficile, c’est de durer à haut niveau ! »

Vous êtes retournés voir le Cosmos Saint-Denis après le tournage ?

« Oui je suis passé les voir à l’entraînement et en match. J’ai côtoyé des hommes avant des joueurs de foot. Je n’ai pas fait ça pour la télévision mais pour les échanges humains. Ça me parle même si j’ai quitté le football amateur depuis longtemps. »

Peut-on s’attendre à un deuxième épisode de Passe Décisive ?

« Pourquoi pas car chaque personne est différente. Apporter mon aide, mon expérience m’a beaucoup plu. »

>>> Passe Décisive, diffusion les jeudis 24 et 31 janvier à 20h45 sur RMC Sport

Jérome Bouchacourt