Depuis deux jours, cette histoire fait le tour de la Loire-Atlantique. Un éducateur a en effet été lourdement suspendu après l’intervention du président du District.

Vendredi, le procès-verbal de la commission de discipline de Loire-Atlantique du 12 décembre a fait le tour des boîtes mail de très nombreux clubs du département. Le verdict du dossier Sébastien Robin était en effet très attendu. Et la sanction envers l’entraîneur de l’équipe réserve de Saint-Mars-du Désert – sept mois de suspension – a réellement fait bondir le microcosme du football départemental avec des réactions assez dures.

Rappel des faits. Le 6 octobre dernier, le président du District est entré sur le terrain du complexe sportif de Saint-Mars-du-Désert avant le match de l’équipe réserve contre Oudon Couffé, en Départemental 2, « afin d’aller saluer l’arbitre qui se trouvait devant les bancs de touche », comme il l’a indiqué dans le PV. Or l’entraîneur marsien « a couru vers lui pour que ce dernier n’entre pas en relation avec l’arbitre de la rencontre au titre qu’à sa connaissance, cela n’entrait pas dans son domaine de compétence ».

C’est là que les versions divergent. Le technicien a reconnu « l’altercation et avoir posé une main sur le torse de M. Martin pour marquer son opposition au fait qu’il aille discuter avec l’arbitre de la rencontre » tandis que le président de l’instance départementale affirme avoir « poussé au niveau du torse plusieurs fois, lui faisant heurter la main courante ». De son côté, l’arbitre de la rencontre « indique avoir entendu des propos prononcés sur un ton agressif Tu n‘as rien à faire là, dégage sans qu’il ne puisse déterminer l’auteur de ces propos, se trouvant dos à l’accès au terrain ». La feuille de match ne fait d’ailleurs pas état de cet incident.

C’est le président de District qui a décidé de faire état de l’incident auprès de sa commission de discipline… et Sébastien Robin a donc été sanctionné de sept mois de suspension « pour comportement intimidant envers un spectateur en dehors du match, avec circonstance aggravante ». La circonstance aggravante retenue est que ce spectateur soit le président du District.

Le beau-frère du président dans la commission ?

L’article 2.1.d du barème disciplinaire indique en effet que « Tout comportement contraire à la morale, à l’éthique ou portant atteinte à l’honneur, à l’image ou à la considération de la F.F.F., de ses Ligues ou Districts, de la Ligue de Football Professionnel, d’un de leurs dirigeants, d’un assujetti ou d’un tiers ou, plus généralement, du football français ».

Cette sanction a interpellé de nombreux dirigeants et éducateurs de Loire-Atlantique. Car si le fond du dossier est à l’appréciation de chacun, c’est la forme qui interroge. « Sur les six personnes présentes lors de cette commission de discipline, on retrouve deux membres du comité directeur du District mais aussi le beau-frère du président du District, s’étonne un proche du club marsien. Et ces trois personnes ont pris par aux délibérations. On peut donc s’interroger sur l’impartialité et l’indépendance de cette commission. »

A la fin du procès-verbal, « la Commission invite les protagonistes de ce dossier à avoir une discussion sereine et objective sur les différends qui peuvent les opposer afin d’éviter le renouvellement de ce genre d’incident ». Une phrase qui a interpellé le club de Saint-Mars-du-Désert ainsi que de multiples observateurs. En tout cas, le club marsien ne compte pas en rester là, en sachant qu’il a le soutien de sa municipalité et de très nombreux clubs de Loire-Atlantique.

Il devrait donc faire appel de la sanction de son éducateur. Mais ce sera encore devant le District de Loire-Atlantique puisque la sanction est inférieure à un an*. Or selon nos informations, celle-ci n’était pas valide lorsqu’elle s’est réunie le 13 novembre dernier car elle comprenait deux membres du comité directeur du District sur quatre personnes présentes. Ce que la FFF interdit dans ses statuts, demandant plus de 50% de membres qui n’appartiennent pas au comité directeur de l’instance. Affaire à suivre…

* Pour une sanction de plus d’un an, l’appel aurait été devant la Ligue des Pays de la Loire

Jérome Bouchacourt