La photo de la banderole du Ménimontant FC 1871 est encore visible sur les réseaux sociaux. (Photo Twitter)

Club très engagé, le Ménilmontant FC 1871 a été sanctionné par la commission de discipline du District de Seine Saint-Denis. Retour sur le dossier.

« Ici on rêve que les poulets rôtissent. » Cette banderole, avec une voiture de Police et deux poulets portant le brassard Police, a été déployée le 24 novembre dernier au stade départemental de la Motte à Bobigny par des supporters du Ménimontant FC 1871 lors d’un match de Départemental 4. Une photo avait d’ailleurs été postée sur la page Facebook du club. Ce qui a immédiatement fait réagir Paris Vox, qui se définit comme « un site d’actualité et de réinformation consacré à Paris et à la Région Parisienne ».

Le syndicat SGP Police-FO a ensuite décidé de déposer plainte contre le club dont le siège social se trouve dans le quartier de Bellevile à Paris. Puis la commission de discipline du District de Seine Saint-Denis, auquel le Ménilmontant FC est affilié, s’est saisie du dossier en ouvrant une instruction. La sanction est tombée juste avant Noël avec une suspension d’un an ferme de terrain et 800 euros d’amende. L’équipe senior 1 du MFC devra en outre trouver « un terrain neutre situé à 20 km en dehors de la Ville de Bobigny ».

Un club avec une certaine idéologie politique

Lors de l’audition en discipline, l’avocat du club s’est défendu en expliquant que « le club ne regrettait pas la banderole car il voulait être humoristique » tout en rappelant « la définition de la liberté d’expression ». Dans un communiqué publié le lundi 6 janvier, le Ménilmontant FC a indiqué que « les bannières des supporters utilisent parfois des blagues, de la satire ou des caricatures – et elles ont été reçues avec compréhension et sens de l’humour par les entraîneurs, les joueurs et les supporters des deux clubs, et même les fonctionnaires ».

Mais il va plus loin dans son argumentaire. « Nous voyons ces sanctions comme une attaque politique, une tentative de faire chavirer le navire MFC qui navigue depuis 2014 – contre toutes les chances – dans un océan de football moderne de plus en plus aseptisé et gangrené par le diktat de l’argent. » Tout en fustigeant l’attitude « des militants nationalistes de Paris Vox et d’autres sympathisants fascistes ».

Le MFC 1871 parle de « sanction politique »

Car ce club est très engagé comme le montre son manifeste publié sur Facebook. Le nom a été choisi « parce que Ménilmontant reste l’un des derniers quartiers populaires et multiculturels de Paris, malgré les tentatives de gentrification par la mairie bourgeoise. Nous n’y vivons pas tous, mais nous nous y retrouvons dans le cadre de luttes sociales telles que les luttes contre le racisme, l’homophobie, les violences policières ou pour le droit au logement. »

Et la date 1871 car c’est « une date symbolique à nos yeux : celle d’un Paris rebelle, populaire et défiant l’ordre bourgeois lors de la Commune de Paris ». Un engagement politique qui se confirme dans le communiqué du club : « le Ménilmontant FC 1871 affirme qu’il reste un club engagé contre la domination de la police sur toute la société ». Le MFC a donc décidé de faire appel de « cette sanction politique ».

Le communiqué du Ménilmontant FC 1871 à la suite de sa sanction

Jérome Bouchacourt