L'équipe fanion de La Trinité a atteint le quatrième tour de la coupe de France. Depuis l'avenir du club s'est assombri.
L'équipe fanion de La Trinité a atteint le quatrième tour de la coupe de France. Depuis l'avenir du club s'est assombri. (Photo Eric Drai - Trinité SFC)

Le club de La Trinité, près de Nice, accuse sa municipalité de vouloir l’asphyxier… sur fond de racisme. Ce que réfute complètement l’adjointe aux sports. Enquête.

Depuis quelques semaines, la commune de La Trinité, au Nord-Est de Nice, est secouée par l’avenir de son club de football. Le Trinité Sport Football Club s’est en effet vu privé de subvention par la municipalité et son président, Philippe Caristo, vient de démissionner. « Je suis parti à cause des relations avec la mairie, explique celui qui a pris les rênes du club l’été dernier. Enfin plutôt à cause des non-relations ! En juin dernier, le matin de l’assemblée générale, j’ai eu une réunion avec la mairie et on a essayé de me faire comprendre que je n’étais pas le bienvenu. »

Puis est venu se greffer à l’automne le dossier de la non-reconduction du contrat de Mohamed Ben Haddou, le gardien du stade, qui est aussi l’entraîneur de l’équipe fanion trinitaire. « Vous comprendrez qu’avec ce qui se passe en ce moment sur le sol français, il est très difficile pour la commune de vous garder » lui aurait-il été signifié. Une version que réfute Virginie Escalier, maire-adjointe aux sports. « Ce sont deux affaires complètement différentes. La commune a été contrainte de bloquer sa masse salariale donc il nous était impossible de titulariser Monsieur Ben Haddou. Or il finissait son contrat de sept ans qui n’était pas possible de renouveler. On aurait pu l’aider et l’accompagner mais il a préféré la voie judiciaire. »

« C’est dégueulasse d’agiter le torchon du racisme ! »

Les problèmes entre le club et la mairie de La Trinité viennent aussi de la non reconduction de la subvention. Et là aussi les avis sont opposés. « Le président du club a signé une convention, comme c’est de coutume, dans laquelle la commune demandait le développement du football féminin et la mise en place d’une école d’arbitrage, souligne Virginie Escalier. Mais comme la subvention est payée par les impôts des habitants de la commune, on souhaitait trouver un juste équilibre entre les Trinitaires et les gens venant de l’extérieur. »

De son côté, Philippe Caristo nie avoir signer cette convention. « On m’a donné un document où je devais cocher des cases et c’est tout, précise l’ex-président. Mais ce que la Mairie ne dit pas, c’est qu’on m’a demandé de surveiller qu’il n’y ait pas de prières dans les vestiaires ou encore de compter les femmes voilées qui venaient au stade. » Des accusations que la Maire-adjointe au sport ne comprend pas. « C’est dégueulasse d’agiter le torchon du racisme ! » s’insurge-t-elle avant d’ajouter que « Monsieur Caristo oublie qu’il a laissé des ardoises au club ». Une dette qui n’en serait pas une selon le président démissionnaire.

Un club qui évoluait en CFA2 il y a sept ans !

« On a signé un contrat avec un équipementier en début de saison mais une partie du règlement a été bloqué car nous n’avons pas reçu la moitié des équipements commandés, indique-t-il. Depuis que je suis arrivé, j’ai d’ailleurs sûrement donné au club plus que le montant de la subvention ! » Et l’avenir club dans tout ça ? « On a rencontré des représentants du club mais on ne versera pas de subvention si d’autres solutions ne sont pas trouvées pour renflouer le déficit » explique Virginie Escalier.

La guerre des mots fait rage. Quant au Trinité Sport Football Club, il n’a plus de président ni de subvention… ce qui est dommage pour ce club de District qui est tombé avec les honneurs cette saison au quatrième tour de la coupe de France face à Endoume (0-1), le leader du N3 Corse-Méditerranée. Un club qui évoluait aussi en CFA2 il y a tout juste sept ans…

Jérome Bouchacourt