Darmanin arbitre
Gérald Darmanin (à gauche) en compagnie de Stéphanie Frappart. (Photo DR)

Stéphanie Frappart va entrer dans l’histoire de la coupe du monde en devenant la première femme arbitre principale d’une rencontre d’un Mondial à l’occasion du match décisif entre l’Allemagne et le Costa Rica ce jeudi 30 novembre (20 heures). Nous nous sommes intéressés à son parcours avant de devenir une des figures de l’arbitrage français, alors qu’elle était une jeune joueuse à Herblay (devenu le FC Parisis).

Ludivine Floirac a côtoyé Stéphanie Frappart lors de plusieurs années. « J’ai commencé au club d’Herblay en 1991. J’avais alors 11 ans. Stéphanie, qui en avait 9, était déjà là. » se remémore celle qui était entraîneur de l’équipe féminine jusqu’à l’an passé et qui occupe toujours des fonctions au sein du District du Val d’Oise.

Si les souvenirs s’estompent forcément avec les ans qui passent, Ludivine a gardé de solides images de l’arbitre qui va marquer l’histoire de la coupe du monde ce jeudi. « C’était quelqu’un d’assez introvertie à la base, qui ne nous parlait pas beaucoup d’elle, de ce qu’elle pouvait vivre en dehors des moments où on se retrouvait pour jouer, de ses émotions. En revanche, c’était déjà très jeune un leader sur le terrain. Elle donnait beaucoup de conseils aux autres. Elle arrivait à extérioriser lors de sa relation aux autres. »

Stéphanie Frappart jouait n°10 dans son club

Leader par la parole – une qualité de dialogue sans doute bien utile depuis qu’elle a embrassé la carrière d’arbitre – qui s’accompagnait d’un autre rôle. « Elle jouait n°10, au cœur du jeu, avec de belles qualités : c’était aussi un leader technique au sein de notre équipe. »

A l’aise dans la peau d’une joueuse, Stéphanie Frappart va pourtant rapidement s’équiper d’un sifflet, même si c’est à l’âge de 19 ans qu’elle a définitivement annoncé à ses entraîneurs sa volonté de se lancer dans l’arbitrage. « C’est vrai qu’elle a commencé tôt », se souvient Ludivine. « Est-ce ce que cela nous a surpris ? Pas plus que ça ! Vous savez au début des années 90 ce n’était déjà pas si courant que cela d’être joueuse de foot. A Herblay il n’y avait ainsi qu’une équipe seniors et une équipes jeunes dont on faisait partie et il y avait au-delà de cela très peu de clubs dans le Val d’Oise où il y avait des filles. C’était pareil pour les arbitres, peut être un peu plus prononcé encore, mais dans les deux cas on était dans l’exception. »

Pas de quoi effrayer la jeune Stéphanie Frappart dont la réussite n’a rien d’étonnant non plus pour son ancienne coéquipière. « C’est quelqu’un de très travailleur au quotidien. Quelqu’un qui ose aussi. Elle n’a jamais été du genre à attendre qu’on lui donne une place. On ne peut être que très content de sa réussite, elle est allée la chercher. »

Stéphanie Frappart n’a pas oublié d’où elle venait. Au cours des années, elle est régulièrement revenue dans le club de ses débuts. « Je sais que jusqu’à l’an passé elle était licencié au club. Comme la section féminine n’existe plus cette saison je ne sais pas si elle l’est toujours. Elle est toujours restée fidèle et impliquée. Il y a deux saisons nous avions fait un beau parcours en coupe de France féminine et elle était venue nous encourager et donner le coup d’envoi du match. »

L’arbitre internationale donne l’image d’un exemple à suivre et a d’ailleurs fait naître quelques vocations. « Je ne sais pas s’il y a un lien direct mais déjà on est un District où on n’a pas de problèmes à trouver des arbitres. Au club, cela a aussi incité quelques filles à essayer au cours des dernières années. »

A Herblay, on a déjà choisi son camp pour ce jeudi. Et peu importe si l’Allemagne ou le Costa Rica se qualifie. Les yeux seront braqués sur Stéphanie Frappart. Des yeux plein d’étoiles. Pas pour le symbole d’être la première femme à arbitre un match de coupe du monde. Mais pour une personne récompensée des efforts quotidiens fournis qui l’ont conduite jusqu’au sommet.

Frédéric Sougey