Romaric Bultel
Romaric Bultel et Evreux ne sont pas passés loin de l'exploit contre Bastia. (Photo DR)

Après la traversée de l’Atlantique pour décrocher sa qualification en Guyane face à l’AS Grand Santi (3-0), Evreux FC 27 (National 2) va désormais se frotter au SC Bastia (Ligue 2) en 32ème de finale de Coupe de France. Une affiche aussi historique qu’alléchante pour Romaric Bultel, le coach du club normand.

Romaric, quand est-ce que vous avez commencé à vous plonger sur la préparation du match contre Bastia ?

« On a souhaité couper la première semaine des vacances pour permettre aux joueurs de passer Noël en famille. J’ai pas mal d’étudiants, d’autres qui travaillent dans l’éducation nationale du coup une grosse majorité au repos. On est sur le feu depuis le 12 juillet, nous n’avons pas eu une seule coupure entre les amicaux, le championnat, la coupe ; il y a eu le long voyage en Guyane, on a enchaîné trois matches la semaine du 10 au 17 décembre entre Poissy (3-1), Vannes (4-2) et Rouen (1-3). »

Une reprise en douceur par la suite ?

« Entre Noël et le nouvel an, on a fixé trois séances axées surtout sur du foncier, de la remise en route et pas mal de jeu avec ballon. On a ensuite voulu optimiser la concentration pour cette rencontre et on va progressivement rentrer dans la dernière ligne droite à partir de mardi où on va augmenter la cadence. »

Pour Romaric Bultel, « une aventure humaine incroyable »

Il va falloir être prêt dès les premiers jours de janvier…

« C’est la logique qui veut qu’on dispute un 32ème de finale à cette date-là. Malheureusement, on ne pourra pas accueillir le SC Bastia dans notre stade et on jouera juste à côté, à Pacy-sur-Eure, car notre terrain n’est pas en état pour recevoir une rencontre de ce niveau. Notre adversaire a un autre avantage, au-delà du niveau auquel il évolue, c’est le fameux  »Boxing Day » à la française. Ils auront deux matchs dans les pattes après avoir coupé pendant la trêve liée à la Coupe du Monde. Nous, on n’a pas joué et ils auront aussi un petit avantage de ce côté-là (sourires). »

Les moments vécus en Guyane au tour précédent font également le charme de la Coupe de France non ?

« On a vécu une aventure humaine incroyable et on l’attendait depuis très longtemps ce fameux match dans les DOM TOM. Les garçons ont pu voyager à l’autre bout du monde pour véhiculer le football ébroïcien hors de nos terres. Quand on dispute la Coupe de France à notre niveau, ce n’est pas spécialement pour la remporter. Soit on affronte des clubs prestigieux de Ligue 1, Ligue 2, soit on vit une aventure humaine. On a eu la chance d’aller en Guyane pour y passer huit, neuf jours. Nous avons aussi subi de fortes chaleurs (rires), vécu le décalage horaire de 5 heures. Concernant l’accueil, la générosité sur place, tout a été top et on n’en gardera que des bons souvenirs ! »

« Chaque année, on voit que c’est possible d’exister »

L’important était aussi de ramener la qualification…

« C’est historique pour nous d’être en 32ème de finale de Coupe de France. Nous n’avons jamais été au-delà du huitième tour. L’objectif, c’est toujours de battre son record et de rentrer dans l’histoire. Cette compétition, c’est aussi le risque de vivre une éventuelle épopée. C’est une denrée pour les clubs amateurs car plus tu avances, plus tu fais rentrer de l’argent. Mais c’est surtout la compétition des joueurs avant tout. Chaque année, on voit que c’est possible d’exister et si ça peut nous arriver, pourquoi pas ! C’est un parcours qui met le club en lumière, la ville aussi et c’est que du plus pour nous ! »

Accéder à ce stade de la compétition valide forcément les acquis depuis plusieurs mois, non ?

« A défaut de s’appuyer sur notre contexte ébroïcien, notre stade, notre faveur, on va se reposer sur nos qualités. J’ai un bon groupe, avec de très belles individualités, qui carbure bien depuis deux ans et qui surfe aussi sur une accession en N2. On a vécu une année civile 2022 incroyable. Et malgré la problématique de la DNCG, avec les trois points retirés au classement, on serait troisième alors qu’on évolue dans la peau d’un promu. Il y a de la qualité, une forte mentalité, une force de caractère et beaucoup de solidarité entre ces garçons qui se côtoient depuis longtemps. Ils ont connu de bons et de mauvais moments ensemble et ça en fait aussi une force. »

La cohésion sera primordiale pour réussir l’exploit d’ici quelques jours !

« J’aimerais qu’on réussisse à jouer notre football car on est très souvent à notre petit niveau en N3 l’année dernière ou depuis le début de cette saison. Notre problématique, c’est nous-mêmes et parfois on passe à travers certaines rencontres par négligence ou essayant aussi de se mettre au niveau de l’adversaire. Quand on fait les choses correctement, on arrive à faire pas mal de dégâts. Le 7 janvier, l’idée sera de jouer avec notre insouciance, de nous dire que tout est possible même s’ils évoluent en L2. On sait qu’on aura 90 minutes, pas de prolongations. On va y aller avec nos armes et on ne va pas se gêner pour mettre en difficulté Bastia. »