Capture d'écran Eurosport

Ce week-end, une jeune fille a joué en championnat avec un voile. Au-delà de la polémique, petit point sur la loi et les différents règlements.

Comme nous l’avons indiqué samedi soir, une jeune fille a joué avec un voile en compétition l’après-midi. « On sentait que c’était tendu et même si la FFF l’interdit, le voile est autorisé au niveau international, nous a confié un dirigeant présent sur place. Il y a un vrai flou juridique ! » Notre article a déclenché de nombreux commentaires sur la question.

Un cas similaire avait eu lieu dans un District de sud de la France la saison dernière. Après avoir échangé avec la jeune fille, il lui avait été conseillé de mettre un fichu à la place de son voile, ce qui est autorisé car sans connotation religieuse. Mais elle avait préféré arrêter le football. Au-delà de toute polémique sur le sujet, nous avons un point sur la loi et les différents règlements.

Ce que dit le règlement de la FIFA

L’article 4 (autre équipement) de la loi du jeu n°4 indique que « lorsqu’un couvre-chef (excepté les casquettes de gardiens) est porté, celui-ci ne doit pas être attaché au maillot ; ne doit constituer de danger ni pour le joueur qui le porte, ni pour autrui (notamment le système de fermeture au niveau du cou) ; ne doit pas avoir d’éléments protubérants dépassant de la surface ».

Depuis 2014, l’IFAB (garant des lois du jeu) et la FIFA autorisent donc le port du voile dans les compétitions. Une décision qui avait été prise à la demande de plusieurs pays musulmans mais aussi après un conflit autour du turban sikh au Québec. Ce couvre-chef autorisé doit être collé à la tête, être en accord avec la tenue du joueur, ne pas être rattaché à son maillot, ne pas constituer un danger pour celui qui le porte ou pour autrui, et ne doit avoir aucune partie qui dépasse.

Ce que dit la Fédération Française de Football

L’article 1 des statuts de la Fédération Française de Football indique que « Sont interdits, à l’occasion de compétitions ou de manifestations organisées sur le territoire de la Fédération ou en lien avec celles-ci tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale ». Ce qui inclut dont le voile. Lors de l’autorisation par la FIFA en 2014, la FFF avait rappelé « son souci de respecter les principes constitutionnels et législatifs de laïcité qui prévalent dans notre pays et qui figurent dans ses statuts ».

Concrètement, un licencié qui enfreint le règlement peut donc être sanctionné. Mais la FFF se fait tout de même très discrète sur ce sujet du port du voile en compétition… à part quelques communiqués lorsque la polémique est de retour, comme ce fut le cas avec les Hijabeuses en février dernier. « C’est un peu courage, fuyons » ironise un président de District. A noter que le hijab est toléré pour les basketteuses, les boxeuses, les karatékas ou encore les pratiquantes de l’athlétisme.

Ce que dit la loi française

La loi impose la neutralité aux salariés et aux agents travaillant pour des fédérations délégataires d’un service public (comme la FFF), mais elle est bien plus floue pour les licencié(e)s. La position du Gouvernement reste très floue, des ministres s’étant prononcés pour comme Elisabeth Moreno ou contre comme Marlène Schiappa ou Gabriel Attal. Le législateur n’ayant pas pris de position claire (des amendements visant à interdire le port de signe religieux dans les compétitions ayant été adoptés au Sénat mais retirés à l’Assemblée nationale), il convient certainement d’attendre la décision prise par le Conseil d’État sur le fond de la demande du collectif des Hijabeuses visant à faire modifier l’article 1er des statuts de la FFF qui interdit un tel port.

En conclusion, le voile est-il autorisé en compétition ?

Sans se poser la question des raisons qui font que ces filles ou femmes portent un voile qui appartiennent à la sphère et n’entrent pas en ligne de compte, le seul sujet est : un terrain de football, un match de football, doivent-ils être considérés comme un lieu public, appartenant souvent à des collectivités, où la neutralité religieuse est la règle ?

Sans pour autant faire de comparaison, les établissements scolaires ne tolèrent pas le port du voile à la suite de la loi de 2004. C’est la même réponse qu’il faut apporter concernant les terrains de football. Aussi, les différentes associations sportives comme les clubs de football sont soumises de plus en plus à des contrats d’engagement républicain ou des chartes de laïcité qui pourraient venir s’opposer au port de signes religieux comme le voile ou la kippa sur un terrain de football.

En attendant cette décision, l’article 1er s’appliquant toujours, le port du voile – comme de tels signes dans ce qui relève du champ de la FFF – reste interdit.

Jérome Bouchacourt