Saragaglia Olivier
Olivier Saragaglia (au centre) fait son retour à Châteauroux... mais sur le banc adverse (Photo Philippe Le Brech)

Entretien. Après son départ de Châteauroux début janvier, Olivier Saragaglia s’est engagé avec le CS Sedan-Ardennes (N2). Rencontre.

Nommé entraîneur du CS Sedan-Ardennes à la fin du mois de janvier, après l’éviction de Grégory Poirier, Olivier Saragaglia (ex Châteauroux, Grenoble) n’a pas manqué ses débuts à la tête des Sangliers avec deux victoires en coupe de France, dont une qualification le week-end dernier dans un choc face à Épinal. Le technicien nous a parlé de son arrivée à Sedan, de ses premières semaines et de son ambition avec le club ardennais qu’il espère voir retrouver le monde professionnel.

Bonjour Olivier, comment se passe cette arrivée à Sedan alors qu’on ne sait toujours pas officiellement quand le championnat N2 pourra reprendre ?

« Heureusement qu’il y a la coupe et qu’on se soit qualifié. S’entraîner c’est bien, mais quand on a un nouveau groupe la compétition c’est primordiale pour pouvoir mieux jauger tout le monde. J’ai eu de la chance : je suis arrivé à Sedan le lundi et le dimanche j’avais mon premier match de coupe de France. Depuis que je suis arrivé on enchaîne les rencontres chaque week-end, c’est plutôt intéressant. »

Des débuts réussis, en tout cas d’un point de vue résultats…

« Oui on a remporté le premier match 5-0 contre une Régional 1 et ensuite on est passé contre Épinal le week-end dernier. C’est une équipe qui évolue dans notre poule en championnat, qui est deuxième avec un match en retard et donc potentiellement première. C’était un bon test grandeur nature, qui m’a permis de voir ce que mon groupe était capable de faire.
Au-delà du résultat c’était très satisfaisant sur l’état d’esprit, sur l’application des consignes, sur les principes de jeu qu’on avait travaillé… C’était vraiment intéressant. »

Quel sera l’objectif pour votre prochain tour et globalement dans cette compétition ?

« On joue chez le FC Saint-Méziéry, une équipe de Régional 1 qui se trouve à côté de Troyes, à 2h30 d’ici. L’objectif sera la qualification forcément, comme pour le tour suivant, avec l’objectif de rencontrer des clubs professionnels et puis enchaîner les matchs nous permet aussi de se préparer au mieux pour une éventuelle reprise du championnat. Mais pour le moment il ne faut justement pas se tromper d’objectif et justement ne penser qu’au match de ce week-end où il faudra faire le travail. »

« La coupe me sert de laboratoire »

Tu as connu quelques moments forts en coupe de France dans ta carrière. Est-ce une épreuve, malgré le contexte, qui reste importante pour souder encore un peu plus un groupe ?

« C’est encore plus important cette année pour nous parce que ça nous permet d’enchaîner les matchs alors qu’il n’y a pas de championnat. Ca l’est un peu plus pour moi parce que ça me sert de laboratoire. Je fais une revue d’effectif à chaque fois. Je teste des choses pour essayer de trouver le meilleur équilibre, dans l’optique de la reprise du championnat. Ça crée des liens aussi, ça crée quelque chose dans un groupe quand on vit des émotions fortes. »

Une reprise du championnat qui serait envisagée, au mieux, pour début mars, c’est pour cette date qu’il faut que ton équipe soit prête et « trouvée » ?

« Ce sont aussi les infos que j’ai de mon président. La coupe de France aurait servi de laboratoire pour la FFF aussi. Voir s’il n’y avait pas des clusters qui se déclenchaient par rapport à la coupe. Vu que ça c’est bien passé je pense qu’il y a de grandes chances que ça reprenne et donc oui il faudra être prêt pour. »

Avec quel objectif pour cette éventuelle fin de saison ?

« Le classement est un peu faussé parce qu’on est l’équipe qui a le moins joué de la poule. On a que 7 matchs et deux matchs en retard par rapport aux équipes de tête. En gagnant ces deux matchs en retard on reviendrait à deux points du premier.
L’idée c’est vraiment de bien se préparer pour jouer le coup à fond. Je n’ai pas de pression particulière pour cette année. Même si le souhait de tous est de montée, on est conscient que c’est une saison un peu tronquée. Mais si on peut faire quelque chose, on ne va pas s’en priver. »

Quel est ton regard sur ce club de Sedan maintenant que tu as quelques semaines de recul ?

« Déjà j’ai trouvé un groupe qui était bien physiquement. Ici il y a tout pour bien travailler. Il y a un préparateur physique, un entraîneur des gardiens, j’ai un entraîneur-adjoint, il y a des kinés au quotidien. C’est un fonctionnement professionnel. C’est pour ça que j’ai plongé sans trop hésiter sur le projet. C’est un club qui a des infrastructures au top. Le centre d’entraînement est magnifique, mieux que ce que j’ai connu à Châteauroux, pourtant Châteauroux c’était très bien. Un stade magnifique, il y a la ferveur des supporters, un peu comme ce qu’on a connu nous à Grenoble (l’auteur de l’entretien est lui aussi de Grenoble, d’où le « nous », ndlr), tout cet engouement autour. »

Comment ça s’est passé justement pour toi entre la fin à la Berrichonne et les contacts avec le CSSA ?

« Le 1er janvier, j’ai su que je ne faisais plus partie du projet Châteauroux. J’avais dit en remplaçant Nicolas Usaï que je ne voulais plus être adjoint. Avec d’éventuels repreneurs ils se sont mis à la recherche d’un nouveau staff. Ils voulaient attendre que les repreneurs arrivent pour me proposer un autre poste au sein du club. Ce que j’ai refusé. Je voulais vraiment entraîner et être numéro. Et trois jours après, c’était le 3 ou le 4 janvier, mon agent m’appelle pour le dire que Sedan est intéressé par mon profil. Je me dis pourquoi pas. Il m’a mis en contact avec le directeur sportif avec qui j’ai échangé longuement. Je lui ai quand même demandé une période de réflexion. C’était tout frais, j’avais besoin de me reposer. J’avais des opportunités aussi pour intégrer un staff la saison prochaine. Mais je voulais vraiment être numéro 1, j’avais fait le tour du poste d’adjoint. Et je me suis dit  »allez, on fonce avec Sedan ». »

Est-ce que tu t’es dit que c’était un retour en arrière ou au contraire un tremplin pour justement arriver à un objectif d’être numéro 1 sur la durée en pro ?

« En tant qu’adjoint j’étais été refusé trois fois à la formation (au BEPF). On m’a pas accordé ce droit là trois années de suite. Là le fait d’être numéro 1 à Sedan, dans un club qui a un projet, je vais me représenter au mois d’avril et je pense avoir plus de chances en tant que numéro 1. J’espère que cette fois-ci sera la bonne. L’idée est de pouvoir jouer la montée avec Sedan, faire ma formation et pouvoir enchaîner, avec Sedan je l’espère !
J’ai que 50 ans je suis encore jeune même si ça fait 19 ans que j’entraîne et que je commence à avoir ma petite expérience. Je ne suis pas usé, je suis encore bien déterminé et je pense avoir quelques belles années devant moi et j’espère avoir ce diplôme pour continuer à entraîner. »

« De vrais amoureux du club ! »

C’est une autre forme de pression, un peu plus « excitante » de retrouver un poste de n°1 ?

« C’est pas pareil. J’ai des choix à faire, qui met le projet de jeu en place, qui fixe le cadre, qui manage. J’ai toute une équipe derrière moi mais c’est plus de responsabilités. C’est surtout mettre en place mes propres idées. Je travaillais pour les idées d’un autre. Aujourd’hui je travaille pour mes idées, j’essaie de faire passer mes principes de jeu et mon état d’esprit au groupe. C’est complètement différent. »

Tu arrives dans un club où comme tu le disais la ferveur est intacte. Hâte de revoir des supporters dans les stades ?

« J’ai vraiment hâte. Quand on a joué contre Epinal ils étaient une bonne centaine ne dehors du stade à envoyer des fumigènes, des feux d’artifices et à chanter. On les entendait tout le match. Je retrouve un peu ce que j’ai connu à Grenoble avec des vrais amoureux du club. » 

Grenoble c’est un « modèle » à suivre pour sortir de ce N2 qui, comme tu le sais mieux que personne, est un championnat difficile à quitter… ?

« Sedan sincèrement est un club qui n’a rien à faire à ce niveau. Sa place n’est pas en National 2. On connaît la difficulté de ce championnat et je suis bien placé pour en parler effectivement. On sait que cela ne sera pas facile mais cela ne peut être que l’objectif de sortir de là. Comme je te le disais, les infrastructures sont remarquables. J’invite tout le monde à venir au centre d’entraînement de Sedan. On a même un jardinier à plein temps. On a la concession du stade. C’est vraiment un club très bien organisé. On sait que si demain on travaille bien, qu’on monte et qu’on retrouve le monde pro’, il y aura juste à enchaîner, tout est prêt pour jouer dans le monde professionnel. »

Frédéric Sougey