Noël Le Graët sera-t-il candidat ? (Photo Jérôme Bouchacourt)

Alors que la décision de la FFF de ne pas arrêter les championnats fait polémique, le président de l’instance fédérale nous a accordé un entretien exclusif.

De nombreux acteurs du football amateur demandent l’arrêt des championnats. Avez-vous décidé d’une date limite pour une décision à ce sujet ?

« D’abord, la priorité, c’est l’urgence sanitaire avec le respect des mesures de confinement et des gestes barrières. Le football doit être exemplaire, jouer son rôle sur ce plan. C’est pourquoi la FFF a décidé de suspendre toutes ses activités, les championnats, les écoles de football… aussitôt après les premières déclarations du président de la République le 12 mars dernier. Concernant la reprise des compétitions, nous prendrons une décision dans les 15 jours, en fonction des recommandations sanitaires sur la poursuite du confinement ou non. Mais si une chance existe de rejouer en juin, non pas pour finir les championnats à cadence forcée mais pour disputer des matches, nous défendrons cette option. Ce n’est pas une question d’argent ni de complication juridique. Mais le football joue un rôle considérable dans la société, son activité, pour le lien social. Nous avons été exemplaires sur l’arrêt des championnats et de l’ensemble des activités du football. Il faudra aussi l’être au moment de la reprise. Si l’école reprend, par exemple, il n’y a aucune raison que le football ne soit pas également au rendez-vous. C’est notre mission, notre rôle. Le lien social que porte le football est essentiel. »

Votre décision concernerait-elle tous les championnats, Ligue et District compris ?

« Nous avons déjà supprimé plusieurs championnats comme celui des U17 et U19, des challenges comme le Yves Leroy, le Marilou Duringer… Quelle que soit la décision, elle concernera l’ensemble des Championnats. »

« Seule la FFF est habilitée à fixer les règles ! »

Que pensez-vous des divers communiqués de clubs de National ou National 2 qui ne souhaitent pas reprendre les championnats ?

« Je comprends les inquiétudes, que l’on s’exprime. Tout le monde semble avoir une solution qui est la meilleure. Mais c’est la FFF qui décidera. Une chose m’agace en revanche, c’est que certains laissent penser que le souhait de la FFF de reprendre les championnats, si la situation sanitaire le permettait, serait uniquement dictée par l’argent. Rétablissons donc une vérité : les championnats nationaux ne rapportent financièrement absolument rien à la FFF, c’est l’inverse, ils lui coûtent. Cette saison, nos aides s’élèvent même à 25 M€ pour les clubs nationaux. Par ailleurs, je le répète, le temps est à l’urgence sanitaire, en premier lieu. Concernant la reprise ou non, nous sommes encore dans l’inconnu sur les mesures sanitaires. A ce jour, la perspective de rejouer en juin existe. En dehors de toute question économique ou juridique, rejouer au football en juin fait partie de la mission sociale de notre sport qui est très importante. Si l’activité reprend dans notre pays, personne ne comprendra que les portes du football restent fermées. Dans ces conditions, il est tout à fait prématuré de prendre des décisions. »

En cas d’arrêt des championnats, la FFF imposerait-elle une marche à suivre (montées, pas de descentes ou autres solutions) à toutes les Ligues ou Districts ou chacun pourrait-il décider selon ses caractéristiques ?

« Il y aura des règles, évidemment, et seule la FFF est habilitée à les fixer. Mais, par exemple, conserver le principe de montées sans respecter celui des descentes n’a aucun sens. Ce qui marche dans un sens doit être respecté dans l’autre sens. »  

« Il faut mener une réflexion sur les calendriers »

Nous savons que les services de la FFF travaillent d’arrache-pied. Un modèle sur la marche à suivre en cas d’arrêt définitif se détache-t-il à ce jour ?

« Aucun, nous n’en sommes pas là. »

Vous avez annoncé la mise en place d’un fond d’aide pour le football amateur. Sur quelles modalités sera-t-il mis en place en sachant que les attentes ne sont pas les mêmes entre un club de National 2 ou un club de District ?

« Ce fonds de solidarité sera abondé par la FFF et les Ligues. Il viendrait en priorité aux clubs les plus impactés. Ces aides exceptionnelles, en plus du budget du football amateur cette saison (86 M€), sont destinées à les soutenir face aux difficultés économiques au moment de la reprise, la saison prochaine. »

Avec le problème de versement des droits TV par plusieurs diffuseurs, craignez-vous que cela impacte le fond de solidarité vers le football amateur et donc la FAFA ?

« Il ne faut pas tout confondre. La création du fonds de solidarité est liée à la situation de crise sanitaire et ses retombées. Il viendra en plus des aides du football amateur cette saison qu’élèvent à 86 M€ et qui sont maintenues. Concernant les droits oui, s’ils ne sont pas versés, cela aura un impact dans le cadre de la convention que nous avons avec la LFP. Cette convention prévoit 2,5% des droits TV au titre de la solidarité entre le football professionnel et amateur. »

Cette crise sanitaire inédite peut-elle faire réfléchir les acteurs du football sur un changement profond sur les calendriers et les compétitions ?

« Vous avez raison. Ce n’est pas la première fois que je le déclare, avant même cette crise. Il faut mener une réflexion sur l’ensemble des calendriers internationaux et nationaux. Il y a beaucoup de matches, il faut penser à la santé des joueurs. Ce contexte de crise peut être une opportunité pour revoir ces calendriers. »

Jérome Bouchacourt