Stade Rennais - FC Rouen 1899
Le FC Rouen 1899 (ici en blanc contre la réserve de Rennes) doit se reprendre après sa défaite à Poissy. (Photo Philippe Le Brech)

De 2013 à 2022, la masse salariale des clubs de National 2 a presque doublé. Mais le mécénat a été largement réduit au profit des partenariats. C’est la preuve d’une professionnalisation des clubs.

Le National 2 n’est plus vraiment un niveau amateur depuis quelques années. Pourtant, selon les derniers chiffres de la DNCG, les clubs sont encore très peu à avoir adopté le statut de société sportive (10 sur 52 clubs en 2020-2021). Ils préfèrent rester en association. « On avait évoqué la question en fin de saison dernière en cas de montée en National mais on ne l’a finalement pas fait » explique Paul Fauvel, le directeur général du Bergerac Périgord FC.

Même son de cloche à Châteaubriant. « La création d’une société anonyme sportive professionnelle (SASP) est dans les cartons depuis quelque temps, concède Jeff Viol, le président castelbriantais. On a évoqué le sujet en interne. C’est une vraie réflexion car un club de notre niveau devient une vraie petite entreprise. » A l’US Saint-Malo, on reste aussi interrogatif. « C’est une réflexion qu’on partage tous au club, annonce Fabrice Rolland, le directeur de l’USSM. On sait qu’il y a des franchissements de seuils qui t’obligent à passer en société. Mais ça dépend aussi du tour de table potentiel que tu fais pour l’entrée des actionnaires. Il faut bien le gérer. »

Si la FFF conseille aux clubs de National 2 de passer en société, ce n’est pas encore vraiment entré dans les mœurs. Pourtant, la masse salariale et le coût des contrats fédéraux sont en constante hausse depuis neuf ans (voir tableau ci-dessous). « Il y a des clubs qui font que ça augmente à l’image de Grenoble, Strasbourg, Bastia ces dernières années, ou encore Hyères ou Chambly aujourd’hui, précise le Malouin Fabrice Rolland. Mais on remarque que la tendance est à la hausse tout de même. » Ce qui se voit aussi sur les salaires des joueurs.

L’augmentation de la masse salariale, un effet pervers ?

« Depuis quatre ans, les demandes sont beaucoup plus importantes, notamment sur certains postes clés comme les attaquants, confirme un président de club de National 2 qui préfère rester anonyme. Quand tu cherches un avant-centre de très bon niveau, tu ne trouves rien à moins de 3 000 euros. Avec les charges, ça devient donc impossible pour beaucoup de clubs ! Mais globalement, les mecs sont beaucoup plus gourmands. Il faut être intelligent en leur proposant autre chose à côté. »

Avec la réforme des championnats nationaux – et la réduction de quatre à trois groupes en National 2, soit 16 clubs en mois – « c’est devenu la course à l’armement » comme l’avouent de nombreux entraîneurs. Entre 2017 et 2021, le coût des contrats fédéraux a plus que doublé (voir tableau ci-dessus). Certains clubs de National 2 peuvent même débaucher des joueurs habitués des niveaux supérieurs en leur proposant des contrats plus intéressants.

Un effet pervers que tous les clubs dénoncent. Le statut du contrat fédéral pourrait d’ailleurs être revu prochainement, à la demande du bureau exécutif de la Ligue de Football Amateur. Car comme la gouvernance de la Fédération Française de football, il a peut-être fait son temps. Il est donc nécessaire de revoir tout ce système pour les années à venir. Ce qui évitera sûrement de nombreux abus.

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Jérome Bouchacourt