Mathieu Chabert quitte l'AS Béziers pour le SC Bastia. (Photo Philippe Le Brech)

Promu l’été dernier en National 2, le SC Bastia va retrouver l’antichambre du football professionnel dans quelques semaines. Entretien avec Mathieu Chabert.

Qu’avez-vous ressenti à l’annonce de l’officialisation de votre montée ?

Une immense fierté. J’avoue qu’il y a aussi beaucoup de soulagement, nous ne savions pas trop ce qu’il allait réellement se passer. Il y a toujours un peu de crainte dans ces situations. Je suis arrivé à la dixième journée et depuis, nous avons rattrapé onze points en douze matchs. C’est magnifique pour le club, pour le peuple bastiais. Je suis très heureux et fier de remettre le Sporting à un niveau qui se rapproche de ce que ce grand club mérite.

Vous avez dit, à votre arrivée, vouloir fêter la montée avec le public en fin de saison. Avez-vous toujours cru à cette issue positive ?

Oui. Si je n’y avais pas cru, je n’y serais pas allé. C’était un gros pari, mais nous avons toujours pensé que cela était possible. Il faut absolument féliciter les joueurs, qui ont été exceptionnels tout au long de la saison. Au soir de la treizième journée, nous étions seconds avec huit points de retard, derrière une équipe qui avait gagné tous ces matchs. Il fallait être très costaud mentalement et avoir un groupe plus uni que jamais pour y croire, pour se dire que nous allions le faire. Les garçons n’ont jamais lâché, ils ont toujours bossé davantage que la normale. Je suis très fier de mes joueurs, qui en plus d’être de très bons footballeurs, sont de supers mecs.

Pour vous, cette décision de la FFF était-elle inéluctable ?

Elle est totalement logique. Je pense même, vu les dynamiques, que nous aurions terminé le championnat avec plus de cinq points d’avance. C’est la meilleure équipe du groupe A de National qui est montée, point final.

Si cela n’avait pas été le cas, qu’auriez-vous ressenti ?

Une telle décision aurait été un scandale. Ce n’est la faute de personne si cette pandémie a bouleversé le monde et le football. Nous ne sommes en rien responsables de l’arrêt du championnat. Donc à partir du moment où nous sommes en tête et que nous méritons de l’être, il est tout à fait logique d’être promu. Plusieurs personnes ont réclamé une saison blanche, l’arrêt du championnat à la fin des matchs allers et d’autres solutions qui les arrangeaient. De notre côté, nous sommes restés silencieux et respectueux de la situation sanitaire traversée par le pays et le monde entier. Quand je lisais certaines interviews où l’on devait avoir Bac+10 pour comprendre les modes de calcul, cela me faisait doucement rire. Aujourd’hui, le résultat sportif a été récompensé. J’en profite d’ailleurs pour féliciter et remercier mes dirigeants, qui ont été irréprochables dans cette période. Nous avons fait confiance aux instances pour respecter le football, nous avons eu raison.

Au-delà du seul enjeu sportif, ramener le public bastiais en N1 doit être fantastique pour un jeune coach comme vous.

C’est exceptionnel, même si le contexte est évidemment très particulier pour fêter une montée. J’imagine que ce soir, à Bastia, les supporters applaudiront à 20h pour les soignants, qui le méritent tellement, et à 20h10 pour le Sporting. C’est une immense fierté d’avoir réussi cela, je suis heureux pour tous ceux qui soutiennent le club. Je pense aussi à ceux qui ont sauvé le SCB il y a trois ans, au moment où le Sporting aurait pu être rayé de la carte du football français. Cette montée, c’est celle de tous ceux qui font et aiment le club depuis toutes ces années.

On imagine que le National ne sera pas une fin en soi ?

Nous allons voir quelles seront les conditions économiques la saison prochaine. Nous essaierons, bien entendu, d’avoir les meilleurs résultats possibles, mais nous pouvons nous permettre de rester un peu plus de temps en National 1 qu’en National 2. Nous sommes dans l’antichambre du monde professionnel, c’est très important pour le club. Ce qui est certain, c’est que je suis impatient de retrouver Furiani pour le premier match à domicile. Je n’attends qu’une seule chose, c’est de rentrer sur la pelouse et de retrouver ce public.