Manuel Abreu
Manuel Abreu était un entraîneur apprécié. (Photo Philippe Le Brech)

C’est un entraîneur bien connu qui s’en est allé. Manuel Abreu avait arrêté en fin de saison dernière car il ne se reconnaissait plus dans le foot actuel.

Depuis ce matin, les hommages se multiplient après la disparition de Manuel Abreu. Le natif de Fafe (Portugal) avait 63 ans. Après une carrière de joueur professionnel qui l’a vu porter les couleurs du Red Star, de l’AS Poissy, du Stade de Reims, du Paris Saint-Germain, de l’AS Nancy-Lorraine, du Stade Quimpérois, de l’OFC Charleville ou encore de l’US Saint-Maur Lusitanos, il avait embrassé une carrière d’entraîneur à l’été 1996 avec le club Rémois (CFA2 puis CFA) qu’il avait aidé à remonter après sa liquidation judiciaire de 1992.

« La première fois que je l’ai vu, c’était avec le Stade Reims contre Le Red Star, témoigne Philippe Le Brech, notre photographe. C’était en D2 à l’époque. Ensuite, je l’ai souvent croisé sur les terrains, comme joueur puis entraîneur. Il aimait le foot, c’était sa passion. On pouvait passer des heures à discuter avec lui ! » Comme le montrent tous les messages publiés ce mercredi sur les réseaux sociaux, Manuel Abreu laissera une place auprès de tous les acteurs du football.

« Manu c’était l’humilité, la générosité, la bienveillance, l’humanité ! »

Manuel Abreu lors d’un match Racing – Chartres au Choine avec Alain Hodent et Luis Fernandez. (photo Philippe Le Brech)

« Dans notre métier, on fait beaucoup de rencontres, raconte Laurent Pruneta, notre confrère du Parisien. Celle avec Manu restera à part. On n’a jamais travaillé directement ensemble tous les deux, je ne suivais pas Senart-Moissy ni le Racing (j’étais boycotté par la direction du club qui lui a d’ailleurs fait vivre l’enfer cette saison-là) quand il a entraîné en IDF. Mais on discutait souvent ensemble, notamment sur Facebook, un petit message à chaque fois que je me déplaçais en L2 ou en National pour me demander de saluer un joueur ou un entraîneur qu’il avait croisé. »

Et pour beaucoup, il faisait l’unanimité. « Il n’oubliait jamais les anniversaires, souhaiter la bonne année, poursuit le journaliste francilien. Manu c’était l’humilité, la générosité, la bienveillance, l’humanité. Un homme droit, intègre. Un entraîneur compétent et passionné, très humain et paternaliste avec ses joueurs. Il fonctionnait à l’ancienne, des rapports père-fils. Une gentillesse rare pour ce milieu de requins, ce qui l’a certainement desservi. Mais il a toujours préféré entraîner plus bas plutôt que de se renier et renier ses valeurs pour obtenir un poste plus prestigieux. Quand il n’était plus en phase avec le projet et les hommes, il n’hésitait pas à partir. Il n’était pas carriériste. »

« C’était un très très grand Monsieur ! »

Manuel Abreu a d’ailleurs toujours entraîné au niveau amateur, et dans des clubs prestigieux comme le Stade de Reims ou le CS Sedan-Ardennes. « C’est sans doute le coach qui m’a fait voir le football autrement mais aussi la vie en général, souligne Vidian Valérius qui l’a connu au club ardennais. C’est l’exemple de coach que je suivrai, celui qui différencie le joueur et l’homme. C’était un très très grand Monsieur ! »

Nous l’avions au téléphone au mois de janvier pour faire un article sur sa carrière. Le rendez-vous n’a jamais eu lieu. Mais on savait pourquoi il avait arrêté.  « Je n’avais plus l’énergie nécessaire pour assumer mon rôle d’entraîneur, le football d’aujourd’hui ne me correspond plus » avait-il confié. Une étoile s’est éteinte dans le ciel du football amateur…

Les clubs entraînés par Manuel Abreu

1996-2000 Stade de Reims
2001-2002 Calais RUFC
2002-2007 CS Sedan-Ardennes (-18 ans puis réserve)
2008-2009 US Sénart-Moissy
2010-2011 AS Saint-Priest
2011-2013 FC Chartres
2014-2015 RC Paris
2016-2017 Olympique Saint-Quentin
2017-2018 FC Rouen 1899
2018-2020 ÉF Reims Sainte-Anne
2020-2021 Cormontreuil FC
Jérome Bouchacourt