Demande licences
Un imprimé de demande de licence. (Photo Jérôme Bouchacourt)

Tulle et Bayonne auraient dû monter à l’étage supérieur. Mais les deux clubs restent à quai entre erreur administrative et fraude sur les mutés hors période. 

« Un système défaillant qui a permis à l’équipe de Royan-Vaux de tricher à 12 reprises, en toute impunité. » Cédric Lamour est amer. Dégoûté même. S’il  ne sera plus l’entraîneur du Tulle Foot Corrèze la saison prochaine, le technicien aurait apprécié quitter le club sur une montée en National 3. Une montée acquise sur le terrain, de haute lutte, lors de l’ultime journée de Régional 1 Nouvelle-Aquitaine. Mais Royan-Vaux ayant fait joueur trois mutés hors période contre Chauvigny et c’est finalement le club de la Vienne qui se retrouvera au niveau fédéral la saison prochaine.

Les mutés hors période… un vaste débat depuis plusieurs saisons. Le règlement avait été mis en place pour limiter le recrutement de joueurs après la période normale de mutation (du 1er juin au 15 juillet). Un joueur muté hors période est donc sous ce statut jusqu’à la fin de la saison puis il est muté normal jusqu’à la date anniversaire de la signature de sa licence.

Par exemple, un joueur qui signe dans un club le 10 novembre d’une année est considéré comme muté hors période jusqu’au 30 juin de la saison en cours puis il est muté normal jusqu’au 9 novembre de l’année suivante. Si de nombreux techniciens pestent régulièrement contre ce règlement très restrictif, il reste un garde-fou utile contre les abus… même s’il pourrait peut-être être légèrement revu par la FFF.

« C’est un peu pas vu, pas pris ! »

Le problème, c’est que de nombreux clubs se font piéger comme ce fut le cas de l’Aviron Bayonnais contre Mérignac Arlac cette saison. Un match perdu par pénalité qui a coûté la montée en National 2 au club basque. Mais d’autres clubs ne se gênent pas pour enfreindre de manière (très) abusive le règlement. Car la Feuille de match informatisée (FMI) ne détecte pas un joueur muté hors période dans la composition d’équipe. Et peu de contrôles sont effectués en aval des rencontres.

C’est donc le cas de l’AFC Royan-Vaux qui a aligné des mutés hors période lors de douze rencontres cette saison, dont la dernière face à l’US Chauvigny qui empêche Tulle Foot Corrèze de monter en National 3. Mais d’autres clubs comme l’AS Cozes (National 3) ont aussi aligné plus de trois mutés hors période sur une dizaine de rencontres. Et ce ne sont pas les seuls !

« C’est à chaque club de vérifier les licences ! »

« Tant que tu ne te fait pas attraper, c’est un peu pas vu pas pris, confie un entraîneur qui a (largement) abusé de cette absence de contrôles sur les mutés hors période. Et si l’adversaire ne dépose pas de réserve, il ne peut pas récupérer de points. » Le pire dans les dossiers Cozes ou Royan-Vaux, mais aussi pour les clubs qui ne se font pas prendre tout au long de la saison, c’est que les instances n’ont aucun moyen de revenir sur ces fraudes et de sanctionner les fautifs.

« C’est à chaque club de vérifier les licences de l’adversaire sur la tablette, nous explique un élu de Ligue. A notre niveau, nous ne pouvons pas vérifier en aval la qualification des joueurs de chaque rencontre. » Même chose pour la FFF sur les championnats nationaux. La seule solution pour éviter que les fraudeurs s’en sorte est donc la vigilance !

Jérome Bouchacourt