Photo AS Beauvais Oise

La rencontre de coupe de France entre Waziers et Beauvais sera rejouée dimanche. Ce qui a provoqué la colère des joueurs de l’Oise.

Dimanche dernier, la rencontre du septième tur de coupe de France entre Waziers et Beauvais a été interrompue à la suite de la blessure d’Eduardo Rodrigo puis arrêtée par manque de lumière. Le joueur beauvaisien est d’ailleurs toujours hospitalisé à ce jour avec les cervicales touchées. Mais la Fédération Française de Football a décidé de rejouer le match ce dimanche … au grand dam des joueurs de l’ASBO, toujours très touchés par la blessure de leur coéquipier.


Lettre ouverte d’une équipe de frères et d’hommes.

Les règles plus importantes que l’humain ?

C’est ce dont nous nous sommes rendu compte après qu’il nous ait été demandé d’aller rejouer, dans des conditions similaires, le simple match de football qui a amené notre frère Eduardo Rodrigo à se battre à l’hôpital contre de graves blessures.

Nous ne sommes pas là pour parler de l’état de santé de notre copain, notre ami, notre camarade, notre coéquipier ou encore notre frère. Nous ne sommes pas là pour donner des leçons à quiconque. Nous sommes conscients que les règles sont les règles et qu’il faut les respecter. Mais à l’heure où nous écrivons cette lettre, ce sont la colère et l’incompréhension qui prédominent.

De la colère car, par les temps compliqués que nous vivons, où le respect et la solidarité doivent primer, ces valeurs semblent être oubliées. De l’incompréhension, ensuite, par rapport à la décision de rejouer ce simple match de football, qui était à notre avantage, sans la moindre adaptation à la situation humaine et au contexte émotionnel.

Oui, nous irons jouer ce match ! Puisque c’est la règle et puisqu’Edu nous l’a demandé, nous irons jouer pour notre frère et notre dignité. Mais à notre humble niveau, nous aurions aimé un peu plus de considération et d’humanité. Chaque personne est différente, chaque homme a une faculté ou non à gérer ses émotions. Retourner sur un terrain qui a marqué à vie la mémoire de chacun d’entre nous n’est pas si simple.

Se remémorer cette action fatidique ou autre événement de ce match reste compliqué à vivre. « Je suis choqué », « je n’arrive pas à ne pas y penser », « impressionnant », « marquant », « j’ai pleuré », « en colère », tous ces mots entendus depuis dans notre vestiaire résument parfaitement l’état d’esprit de notre équipe.

Ce n’est pas une simple blessure, c’est un événement tragique qui restera dans nos têtes. Nous aurions aimé être écoutés avant de prendre une décision trop hâtive. Nous pensons que c’était peut-être l’occasion de montrer que l’humain était plus important que tout. Nous irons jouer ce match dans des conditions particulières, compliquées à imaginer, avec des émotions à gérer, avec l’envie de donner de la force à notre frère qui se bat. On ne le décevra pas, on se battra avec notre cœur, soyez-en sûrs !!!

Une simple équipe de football et d’hommes.

Jérome Bouchacourt