Les femmes arbitres sont souvent (trop ?) cantonnées au matchs féminins.
Les femmes arbitres sont souvent (trop ?) cantonnées au matchs féminins. (Photo Ligue de Football des Pays de la Loire)

Alors que le nombre d’arbitres féminines est toujours plus important, leur place pose question à cause de plusieurs facteurs. Explications.

Au début du mois d’octobre, une jeune arbitre de 17 ans a dû faire face à des remarques à connotation sexuelle de la part de joueurs lors d’un match de la catégorie U15. Si elle a continué son match comme si rien ne s’était passé, ce genre d’attitude n’a tout simplement pas lieu d’être sur un terrain de football. « A sa place, j’aurais arrêter la rencontre et je serai parti » confie Damien Groiselle, le responsable de l’UNAF Paris Île-de-France.

Pas simple néanmoins… car ce genre de remarque est monnaie-courante. Arbitre depuis 2008 et chercheuse en sociologie à l’université de Lille, Lucie Le Tiec a écrit plusieurs publication sur l’arbitrage. Dans la dernière, « Siffler ou se faire siffler. Les effets du genre sur les conditions d’exercice des femmes arbitres de football », elle explique notamment que « les femmes arbitres sont toujours perçues comme des femmes avant d’être considérées comme des arbitres ».

Peu d’arbitres féminines au centre sur des matchs nationaux masculins

La chercheuse pointe ainsi des conséquences sur la femme arbitre. « Certaines remarques qu’elles subissent soulignent notamment leur prétendue incompétence dans un domaine réputé exclusivement masculin. D’autres discours vantent encore, leurs qualités féminines, leur douceur, leur sourire… » Arbitre au centre en D2 féminine et assistante en D1, Lucie Le Tiec s’interroge aussi « sur la nouvelle tendance qui consiste à confier de plus en plus l’arbitrage des matchs féminins aux femmes arbitres ».

La sociologue estime donc que c’est « une vraie régression » car on les prive « de s’illustrer lors de matchs masculins ». Les désignation des arbitres fédérales féminines depuis le début de la saison prouvent cette constatation. Seules huit d’entre-elles ont en effet officié au centre en National 2 ou National 3… pour un total de quatorze matchs ! Par contre, elles officient principalement sur les rencontres de D1 et D2 féminine. Ce qui montre bien qu’elles ont encore du mal à se faire une place.

Jérome Bouchacourt