Lorsque nous avons reçu ce témoignage, en octobre 2017, nous l’avons relu plusieurs fois. Nous avons contacté l’auteur et vérifié toutes les informations qu’il nous a communiquées.
Nous avons longuement hésité avant de le publier car ce genre de sujet n’a peut-être pas forcément sa place sur notre site. Mais par principe, nous avons décidé qu’il était important et de dénoncer des abus qui peuvent avoir lieu dans la vie courante, le travail et le sport.

 TÉMOIGNAGE 

Je m’appelle Laurent, j’ai 43 ans. Je suis marié et père de famille. Je ne dirais pas où je vis ni d’où je suis originaire. Mais je tenais à témoigner de ce qu’il m’est arrivé alors que j’étais tout juste majeur. C’était un samedi soir. Je venais de jouer mon premier match avec l’équipe fanion de mon club, en championnat de Ligue. On a gagné face au leader et on a traîné au club house avec mes coéquipiers et de nombreux amis de cette petite commune où j’ai joué au football durant près de douze ans.

Après avoir bu quelques apéros puis mangé tous ensemble, ce qui arrivait fréquemment dans le club, on a été dans la boite de nuit de la commune voisine. On était une dizaine. On a pris deux bouteilles de whisky, dansé, dragué un peu… on s’est vraiment bien amusé. Ce n’était pas la première fois que j’allais dans cette boite mais les joueurs plus vieux que moi ne venaient que rarement.

Parmi mes « copains de soirée » se trouvait le capitaine de l’équipe, un ancien joueur de D2, la trentaine bien avancée. Un beau mec, célibataire et cadre supérieur. Le mec qu’on ne voyait que très rarement la semaine à l’entraînement mais qui était toujours très généreux, très convivial.

Il avait une belle maison avec piscine et un sous-sol avec bar et billard, à quelques centaines de mètres de la boite de nuit. Deux amis et moi avons accepté de finir la soirée chez lui. Baignade, champagne, rigolade… tout se passait bien. Mais vers 7 heures la fatigue commençait à se faire sentir. Personne n’étant capable de prendre le volant, notre hôte nous a proposé de dormir chez lui. Pas de soucis… il fallait juste que je sois chez mes parents vers 13h car on recevait de la famille.

J’ai récolté d’une chambre juste en face de la sienne. Une dizaine de minutes après m’être couché, j’ai entendu la porte s’ouvrir et quelqu’un se positionner derrière moi… une main qui a commencé à me caresser… J’étais tétanisé ! Puis la main s’est faite de plus en plus insistante et j’entendais un souffle derrière moi… « Laisse-toi faire » murmurait-il.

Je ne savais pas comment réagir. C’était lui, notre capitaine, celui que tout le monde adorait au club. Puis il a voulu aller plus loin que les caresses – je préfère ne pas être trop cru dans mon explication – et j’ai décidé de partir. J’étais en pleurs. Je me suis réfugié près de la piscine. Il est venu me voir en me disant qu’il s’excusait mais que je ne devais parler de ça à personne car ce serait ma parole contre la sienne. Et je me suis tu. J’ai quitté le club à la fin de la saison car je ne voulais plus jouer avec ce type.

Je n’en avais jamais parlé jusqu’à ce jour. Mes parents, ma femme, personne n’est au courant. Et je n’en parlerai plus. Vu les témoignages des gens qui dénoncent ces abus depuis quelques jours, je me suis dit qu’écrire ce qui m’était arrivé me soulagerait. Et j’espère surtout que ça poussera ceux à qui ça arrive de ne pas se taire car le harcèlement sexuel, ça se passe aussi dans le football.