Neymar devrait rester au PSG... et enfin jouer au foot ! (Photo Twitter)

Neymar Da Silva Santos Junior. Si tu ne connais pas ce nom là, c’est que soit tu vis dans une grotte, soit il est temps de vérifier le réseau dans ta région. Un transfert, un feuilleton, une série, une saga, un sketch ? Je vous laisse à votre appréciation. Ce qui est sûr c’est qu’on en a pris plein les oreilles pendant deux mois, de fake news en fake news, de sources sûres en retournement de veste. Cette « Affaire » Neymar aura mis en exergue plusieurs points importants.

Premièrement il est évident que cette période dite de mercato est comme un grand poker menteur où chacun va aller de sa déclaration, de son tweet, de son like pour envoyer des indices sur ses envies, ses désidératas, ses ambitions. Ensuite il ne reste plus qu’à laisser l’appareil médiatique faire son œuvre. Deux mois de Une, de liens internet, de tribunes sur le sujet. Et dans ce cas là tout est bon pour faire du pognon.

La Une du lundi ? « C’EST FAIT » avec Neymar dans la tunique barcelonaise, La Une du vendredi ? « SE QUEDA ». Mais aucun scrupule pour ces personnes accréditées, du moment que cela permet de vendre du papier franchement. Pas de fumée sans feu me direz-vous et en cela je serais bien d’accord, mais il est de bon ton de reconnaître que ce feuilleton de deux mois a existé sans la moindre phrase du concerné, par contre tout le monde suivant de près ou de loin le foot a parlé pour lui. Au moment d’écrire ses lignes il reste quelques heures de mercato et au final et bien on ne sait toujours pas quelle sera la finalité, nous ne sommes pas à l’abri d’une dernière offre incluant le cuisinier, l’intendant, un café et 100 Millions sur 20 ans.

Une polémique est toujours plus vendeuse

Mais vivement ce deux septembre 23h59, date bien trop tardive, à ce moment là tous les clubs seront enfin fixés (jusqu’en janvier) sur l’effectif à disposition des coachs. On sait ainsi que Monaco aura environ 50 joueurs sous contrat et pas loin de 8 attaquants (y’en a peut-être un qui sera efficace comme ça), que l’OM continuera de payer grassement des pré-retraités qui n’ont rien fait pour chercher un meilleur projet ailleurs, que le PSG aura élargi son banc de touche mais n’aura pas le droit à l’erreur avant un été prochain qui s’annonce déjà dantesque, que Nice devient le Lille bis dans un projet qui peut se révéler florissant et emballant autant qu’il peut s’effondrer.

Bref, à partir du 3 septembre nous pourrons enfin parler de foot, du moins espérons la, car on sait bien que dans le pays aux 2 étoiles une polémique est toujours plus vendeuse que d’expliquer le 3-5-2 ou le 4-4-2 et les connexions entre joueurs.

Deuxièmement, cette période de mercato est un grand moment de démagogie sous la forme de « Je viens pour le projet… », « J’ai toujours rêvé de porter cette tunique… », « J’ai travaillé dur pour vivre ce moment magique et rejoindre un si grand club… », « c’est une progression forte dans ma carrière… » Ok mec, on arrête de se foutre du monde ! Tu ne savais même pas où la ville se trouvait avant de signer et le nom du dernier grand joueur de ce club à ton poste. Par contre, la prime à la signature et l’augmentation de salaire y’a moins de souci là.

Et le projet dans tout ça ?

Mais cette période maintient les amateurs de football en haleine pendant leurs vacances. A une période où certaines fins de mois sont difficiles, il est hors de question de louper les dernières infos pour savoir si untel ou untel va passer de 40 000 à 60 000 euros mensuels en passant dans un club pas plus en forme pourtant. Mais bon, le projet et tout ça… vous voyez ce que je veux dire. Vu qu’on parle d’argent, il est toujours intéressant de réfléchir à savoir qui gagne ou qui perd dans cette histoire. J’ai beau retourner le problème dans tous les sens et à part l’amateur de foot, je ne vois pas qui perd.

Le club prend l’argent du transfert, le joueur augmente son salaire et/ou prend une prime à la signature, l’agent prend sa commission et le supporter voit son abonnement augmenter… et en plus il achète le maillot. Je surjoue volontairement la démagogie mais en gros les millionnaires (exagération) demandent à des smicards de faire vivre le club. Et ça marche ! Il ne reste plus qu’aux joueurs de frapper le blason quand ils marquent, d’aller applaudir de loin à la fin des matchs et le tour est joué. La populace est réjouie et chacun retourne chez soi, le supporter à pied et le joueur en Porsche. L’un a dépensé 2% de son salaire pour passer une bonne soirée pendant que l’autre a pris 2% de prime.

Toi, tu payes pour jouer au foot

Mais c’est l’offre et la demande. Personnellement, je n’en suis pas choqué. Je trouve juste que le niveau de jeu n’est pas à la hauteur des attentes et des prix employés. Avec l’augmentation des droits TV, espérons que le niveau de jeu augmentera proportionnellement et que les retombées sur le foot amateur n’en seront que plus grande. Et toi le footballeur amateur, ne prends pas ces exigences, ces bras de fer, ces envies d’ailleurs comme argent comptant. Ils sont dans un autre monde ces gens-là.

Rappelle toi que pour le moment c’est toi qui paye pour jouer au foot ( je fais mon naïf vu la recrudescence de joueurs « dédommagés » dans le monde amateur) et qu’il n’y a quand même rien de plus beau que de pousser la ballon le dimanche entouré de ses amis. Les mercenaires ont existé et existeront toujours mais leur proportion est en forte croissance et cela nuit forcément à l’existence de certains petits clubs. Si Neymar part, le PSG en achète un autre. Si un mercenaire quitte un club au bout de six mois, le club amateur peut s’en trouver affecté pour longtemps.

En conclusion rendez nous vite le jeu, juste le plaisir de voir des artistes évoluer sur le terrain, combiner, centrer, frapper, marquer. Star ou pas star, ce que chaque supporter veut c’est vibrer devant son club de cœur, s’enflammer pour un championnat réussi, pour un jeu attrayant, pour un parcours européen, pour la musique de la Ligue des Champions. Le supporter il veut de la sueur, du sang, des larmes et qu’on lui remplisse les yeux de moments qu’il pourra raconter à ses petits enfants plus tard. Il s’en fout du salaire du pro tant que sur le terrain, il voit un mec qui honore les couleurs et se bat comme un chien sur chaque ballon et à chaque minute d’un match.