Le geste de Patrice Evra va sûrement faire réagir les enfants ces prochains jours.
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Depuis le début de la saison, les éducateurs bénévoles doivent remplir une attestation d’honorabilité. Une manière de protéger les clubs contre les prédateurs sexuels.

Cet été, plusieurs clubs de la région nantaise ont été sollicités par un éducateur qui cherchait à s’investir auprès des jeunes. Mais après quelques recherches, il s’est avéré que cette personne avait été condamnée pour des attouchements sexuels sur des enfants. Prévenue, la Ligue des Pays de la Loire a « immédiatement bloqué toute possible demande de licence ».

Le sujet est devenu très sensible depuis quelques années car les affaires de « viol » et d’« attouchement sexuel » se sont multipliées dans le sport. Ou plutôt, des tabous sont tombés car les langues commencent à se délier dans le sillage du scandale qui a frappé le football anglais où plus de 400 victimes de pédophilie ont été recensées fin 2016.

Plusieurs cas récents en France !

Voici quelques exemples en France, parmi tant d’autres. En septembre 2017, un jeune homme de 29 ans comparaissait devant les assises du Nord à Douai. Cet éducateur de l’US Ascq, qui était aussi surveillant dans un collège, invitait souvent chez lui les joueurs U15 dont il s’occupait… pour jouer au jeu vidéo. Mais il en profitait pour organiser des concours de photos pornographiques entre ados.

Plus récemment, en juin 2018, c’est en Région Parisienne qu’un jeune éducateur de 22 ans a été mis en examen. « Une information judiciaire est ouverte pour des faits de corruption de mineurs et agressions sexuelles sur mineurs de moins et de plus de 15 ans par personne ayant autorité » avait confirmé le Parquet de Pontoise à nos confrères du Parisien concernant celui qui s’occupait des U13 et U15 à l’USM Garges.

Les clubs commencent donc à réagir. « Cet été, nous voulions mettre une obligation aux éducateurs de nous fournir un extrait de casier judiciaire, explique Florent Thomas, le président d’Orvault SF (Loire-Atlantique). La mise en place d’un nouveau document par les instances va aussi dans le bon sens pour préserver nos enfants de certaines dérives inadmissibles de la part des adultes. » Car la grande nouveauté cette saison est l’attestation d’honorabilité que doivent remplir tous les éducateurs bénévoles.

Un extrait de casier judiciaire pour les entraîneurs salariés

Si ce n’est qu’une attestation, elle permet aux techniciens de prendre connaissance de l’article L.212-9 du Code du Sport qui rappelle qu’il n’est pas possible d’exercer des fonctions auprès des enfants en cas de condamnation pour certains crimes et délits. Pour les éducateurs salariés d’une instance ou d’un club, c’est encore plus drastique.

« Les titulaires d’une carte professionnelle d’entraîneur doivent fournir un extrait de casier judiciaire pour valider leur contrat, précise Didier Esor, le président-délégué de la Ligue des Pays de la Loire. C’est une vraie protection pour les présidents face aux risques car on doit absolument éviter les pédophiles. »

Mais est-ce suffisant ? Certes non. Il est important de signaler tout comportement étrange mais sans tomber dans l’excès. L’an dernier, un éducateur s’est en effet donné la mort à la suite de fausses accusations portées contre lui. Car la rumeur était devenue insupportable. Cette attestation est donc un premier pas pour la protection des enfants et il conviendra d’en tirer un premier bilan dans quelques mois.

Jérome Bouchacourt