VAR coupe de France
Le VAR en coupe de France à partir des huitièmes de finale. (Photo Philippe Le Brech)

L’annonce d’Arsène Wenger, directeur du développement du football mondial, a fait grand bruit. Interrogé sur la VAR, l’assistance vidéo pour les arbitres professionnels, il a avoué travailler sur une version simplifiée de celui-ci. Explicitement dirigée vers les divisions inférieures, cette VAR pourrait introduire la technologie dans le football amateur à terme. 

Mais ce n’est pas le seul instrument qui fait débat pour sa démocratisation à une échelle bien plus large.

Analyse d’un phénomène qui risque de transformer tous les terrains amateurs d’ici quelques années.

Le football et la technologie, une histoire d’amour

Le football profite depuis bien longtemps des avancées technologiques. Que ce soit avec les traqueurs GPS des joueurs ou les analyses de matchs par des intelligences artificielles. On peut même mentionner des affrontements entre robots et footballeurs tant la porosité entre le football et la technologie est de plus en plus grande.

Naturellement, le football jouit ainsi de plusieurs instruments pour faciliter la prise de décision des arbitres. La Goal Line Technology, la VAR, mais aussi les systèmes de communications à distance, autant d’instruments utilisés tous les jours dans le football professionnel. 

La raison ? Un football à « deux vitesses » qui se profile pour la FIFA, toujours soucieuse d’une égalité intrinsèque au sport. Et avec l’industrialisation et la recherche toujours plus performante, ce qui était hors de prix pourrait rentrer dans les clous d’un stade municipal. Mais est-ce vraiment pour tout de suite ?

La Goal Line Technology, le précurseur zappé ? 

Premier véritable instrument mise en place après de nombreux scandales, et notamment la fameuse frappe de Frank Lampard lors des huitièmes de la Coupe du Monde 2010, la Goal Line Technology ne semble pourtant pas dans les plans de la FIFA pour le monde amateur. La raison est simple : son prix. 

Avec sept caméras à haute vitesse, un ordinateur puissant pour calculer la position de la balle et la montre connectée au poignet de l’arbitre, la technologie est trop chère. Pour les clubs professionnels en Europe, c’est en moyenne 200 000 euros par an et par club. Un gouffre que les clubs des divisions inférieures ne peuvent pas se payer. 

Pour le football amateur, cela relève de l’utopie. 

Mais alors, si la Goal Line Technology revient si chère, comment Arsène Wenger peut-il parler d’une VAR pour les divisions inférieures et les amateurs ? 

La VAR, un nouveau système accessible ?

Bien entendu, le directeur du développement du football mondial n’est pas fou. La VAR en l’état a un coût faramineux et ne pourrait pas satisfaire les comptes des clubs amateurs. Si on ne sait pas encore grand-chose de ce projet, les mots de l’ancien entraîneur d’Arsenal sont clairs. 

Le système comprendrait trois caméras à différentes positions en angles du terrain. Avec un simple écran, on pourrait donc analyser n’importe quelle action se déroulant dans le stade. Mais la difficulté est immense. 

En effet, établir un protocole pour un ensemble de stades disparates et qui ne se ressemblent pas forcément pourrait être un véritable casse-tête pour la FIFA. C’est bien pour cela que la prudence est de mise du côté de la haute instance du football mondial. Pour le moment, c’est en Coupe de France que les clubs des divisions inférieures découvriront la VAR.

Car, si le discours sur la démocratisation des technologies commence à faire son trou, le gros des innovations est encore à venir sur les terrains professionnels.

Une formation à faire entièrement

Au-delà même des technologies, une formation sera nécessaire pour les utilisateurs d’une telle technologie si elle vient à apparaître dans tous les stades. 

Si, grâce à Internet, les écoles en ligne permettent d’apprendre sur une variété innombrable de sujets, le protocole comme la technique devront être gérés par les acteurs et les dirigeants des stades amateurs. 

Et on le sait, ils ont, bien entendu, beaucoup moins de moyens humains que les ligues professionnelles ou les instances internationales. 

Un problème qui s’ajoute à la perpétuelle introduction de nouvelles aides technologiques pour aider l’arbitre.

Un héritage du sportif au monde civil

À la manière des sports mécaniques qui ont innové pour l’industrie automobile, les nouveautés d’un sport irradient souvent la pratique d’un plus large public. Le chemin est donc tout tracé pour les technologies du football, qui, à mesure de leurs démocratisations, seront de plus en plus utilisées sur les terrains amateurs.

Plus encore, le football professionnel s’arme de plus en plus d’instruments pour tenter de fluidifier le jeu tout en le rendant plus juste. 

Le coût des nouvelles technologies est trop important pour équiper les stades amateurs pour le moment. Cela reste donc un luxe réservé aux professionnels.

C’est ainsi que dès la coupe du monde au Qatar en 2022, une technologie de détection automatisée des hors-jeu pourrait être mise en place. C’est en tout cas le souhait d’Arsène Wenger. 

Avec ce virage numérique, le football amateur ne pourra pas éviter d’être embarqué dans les décennies à venir.

Jérome Bouchacourt