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Après la bagarre générale lors du match de Régional 3 à Aron, le 24 mars dernier, le club nantais a été lourdement sanctionné. Mais cela pose de nombreuses questions.

« C’est honteux ! » La première réaction des dirigeant de Nantes Mellinet a été de la colère lorsqu’ils ont reçu le procès-verbal de la commission de discipline de la Ligue des Pays de la Loire ce vendredi. Car les sanctions sont énormes… c’est même un record pour l’instance régionale sur une seule rencontre !

Sans vouloir prendre partie, les sanctions sont complètement disproportionnées… et même très limites juridiquement. La commission de discipline a donc sanctionné trois joueurs nantais de deux ans de suspension pour « coup envers le public en dehors de la rencontre occasionnant une blessure dûment constatée par certificat médical, entraînant une ITT inférieure ou égale à 8 jours ».

Après de nombreux échanges avec des juristes et avocats spécialisés dans le droit du sport, il s’avère que la notion d’ITT prise en compte par l’instance régionale n’a aucune valeur juridique étant donné qu’elle a été délivrée par un médecin généraliste… celui du village d’Aron. Car une Interruption Totale de Travail doit être délivrée par une Unité Médico-Judiciaire (UMJ).

A la lecture du procès-verbal, tout est très tendancieux. Un des spectateurs agressés, qui a eu trois jours d’ITT pour une rougeur à la joue, a aussi été suspendu 18 mois fermes « pour tentative de coup envers un joueur en dehors de la rencontre ». Les autres n’ont pas été sanctionnés par la commission. Comme s’ils avaient pris des coups sans en donner aucun.

Mais ce n’est pas la seule chose gênante dans ce dossier. Les propos de l’arbitre ont été « bu comme du petit lait » par les membres de la commission de discipline alors que de nombreux témoignages contredisent cette version, à la lecture des 71 pages du dossier d’instruction. Et c’est un vrai soucis… puisque cette commission n’avait déjà pas été très juste avec la suspension à titre conservatoire des joueurs nantais, ce qui n’avait pas été le cas pour les joueurs du club d’Aron incriminées.

Il ressort d’ailleurs que des joueurs de La Mellinet sanctionnés n’ont pas participé à cette bagarre générale, ce qui est démontré dans certains témoignage du club mayennais. Bizarre… car, encore une fois, la seule parole de l’arbitre – dont la commission de discipline rappelle qu’il est JAF (jeune arbitre fédéral) – est sacro-sainte.

Autre soucis dans ce procès-verbal, ce sont les sanctions envers le club recevant : trois matchs de suspension avec sursis et 1 500 euros d’amende… alors qu’il n’y avait pas de délégué de police du terrain inscrit sur la feuille de match. Et La Mellinet Nantes, qui évoluait à l’extérieur, a été sanctionnée de 1 000 euros d’amende avec en plus des suspensions pour un de ses dirigeants et son entraîneur « pour comportement déplacé au cours de la rencontre ». Mais côté local… aucune sanction !

Le club nantais va faire appel de ces sanctions mais il réfléchit aussi à déposer une plainte contre l’arbitre de la rencontre dont les propos ne sont pas toujours très clairs. Car Nantes Mellinet perdrait à ce jour 26 points au classement, passant de 32 à 6 points … avec une relégation en District à la fin de la saison alors que son maintien était acquis depuis de nombreuses semaines.

En conclusion, lorsqu’on a lu les 71 pages du dossier d’instruction, ces sanctions sont tout juste incroyables étant donné que les « blessures » sont réellement superficielles. Le seul joueur qui a été vraiment « blessé » avec une perte de connaissance et un transport vers l’hôpital n’a pas eu d’ITT ! Et à la lecture de nombreux procès verbaux de la même commission cette saison, il paraît dommage que des sanctions aussi lourdes n’aient pas été prises dans des cas qui pouvaient sembler plus graves.

Jérome Bouchacourt