Montres équipe de France
La marque IWC a posté cette photo des Bleus sur Twitter en novembre 2018.

48 montres de luxe ont été offertes aux champions du Monde 2018 mais le montage financier mis en place par la FFF semble illégal.

A l’aube de l’Euro 2020, qui a été reporté à cet été, le dossier révélé par nos confrères du quotidien Le Monde fait un peu tâche. Si nous avions eu écho de cette histoire de montres – au milieu de plusieurs autres dossiers sur lesquels nous enquêtons depuis plusieurs mois – celle-ci pourrait prendre beaucoup plus d’ampleur que ne pouvait le penser la Fédération Française de Football.

Car elle arrive dans une période où les Ligues et les Districts présentent presque tous des résultats négatifs. Une période où de nombreux clubs ruraux tentent de survivre après la pandémie de Covid-19. Retour donc sur cette affaire des montres. A L’automne 2018, la FFF a commandé 48 montres à l’horloger suisse International Watch Co. (IWC) pour les joueurs et le staff de l’équipe de France. Comme le rappelle Le Monde, c’étaient des modèles Portugieser Chronographe au cadran bleu.

Selon le quotidien, la valeur commerciale de cette commande était de 364 800 euros, soit 7 600 euros l’unité. Après vérifications auprès d’IWC, ces prix correspondent au modèle à cette époque. Mais au-delà de ce cadeau – qui est arrivé en plus de la prime de 400 000 euros par jour – c’est la manière dont la FFF a réalisé le montage qui pose de nombreuses questions. Car il s’agit à la base d’un avantage en nature à déclarer au fisc français.

Mais l’instance fédérale a souhaité faire en sorte de protéger les joueurs de ce cadeau empoisonné en faisant passer ces montres comme des objets publicitaires. Le Monde a eu connaissance du contrat entre la FFF et IWC rédigé en octobre 2018 avec un prix remisé de 145 920 euros au lieu de 364 800 euros. Il est ainsi rédigé qu’il s’agit d’« une première coopération ponctuelle ». Le service marketing aurait alors essayé de payer les montres au prix fort en échange d’une rétrocommission de 150 000 euros. Ce qui est parfaitement illégal !

La rétro concession, une pratique courante

Mais c’est une pratique qui était courante dans certaines Ligues au début des années 2010. En effet, des présidents n’hésitaient pas à endetter leur instance en échange d’un contrat longue durée et d’un partenariat éphémère qui permettait de boucler le budget avec un excédent… juste avant les élections. Mais ça fera l’objet d’un autre sujet.

Concernant le dossier en la FFF et IWC, les joueurs de l’équipe de France ont posé avec leur montre en novembre 2018 et la marque suisse a clamé sur Twitter qu’elle était partenaire officiel de la FFF avec photos à l’appui. En échange, toujours selon Le Monde, la FFF donner à IWC la possibilité de « communiquer autour de cette opération » et « d’utiliser le nom de la FFF et/ou celui de l’équipe de France dans le cadre de ces opérations de communication ». Mais des billets pour les matchs des Bleus ou encore des maillots et ballons dédicacés étaient aussi compris dans la contrepartie. C’est qui est tout à fait illégal.

De plus, cette dépense au-dessus de 300 000 euros aurait dû être délibérée et votée par le comité exécutif de la Fédération Française de Football, comme l’indique son règlement. Mais ça n’a jamais été le cas ! Qui a donc pris la décision de signer ce contrat commercial douteux ? « Noël Le Graët ou Florence Hardouin » s’interroge Le Monde ? Le président était-il au courant ou la Directrice générale a géré seule ? En tout cas, cette histoire de montres n’est pas vraiment une bonne nouvelle pour la FFF en ce moment. Affaire à suivre…

Jérome Bouchacourt