Le FC Bressuire et la réserve d'Angers SCO ne pouvaient se retrouver qu'en match amical ces dernières saisons. (Photo Lisa Paquereau)

National, National 2, National 3… la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 est l’occasion de revoir la pyramide des championnats nationaux.

Dans la lettre du football amateur du mois de mai éditée par la Fédération Française de Football, Noël Le Graët a expliqué la décision d’appliquer les montées et descentes réglementaires dans les championnats nationaux. « Ajouter près de quarante clubs au niveau national cette saison aurait poursuivi un mouvement inflationniste, dans un contexte socio-économique qui sera très difficile. Et les clubs concernés en auraient été, en fin de compte, les premières victimes. »

Cette affirmation n’est pas anodine. Depuis quelques mois, des discussions sur une réforme des championnats nationaux sont en cours du côté du Boulevard de Grenelle. Avec la dernière réforme et un National 3 par Ligue, sauf Corse et Méditerranée qui se partagent un groupe, ce sont pas moins de 56 clubs qui ont été promus en niveau national … soit un tiers en plus ! Ce qui a permis de faire monter neuf ou dix équipes dans certaines régions. « On a créé un monstre ! » nous avait d’ailleurs confié un proche de l’instance fédérale.

Le niveau du National 3 a diminué

« Plus de clubs dans les niveaux nationaux, avec la création du National 3, plus de joueurs, payés davantage, affirme Noël Le Graët dans son Edito de la lettre du football amateur. Les premières victimes de ce schéma, ce sont les clubs eux-mêmes, dont l’équilibre économique est de plus en plus difficile à trouver. La seconde victime, c’est l’investissement pour l’avenir, lorsque la préparation de l’équipe première pour la saison prochaine devient l’horizon de tout un club. »

Il faut se rendre à l’évidence que le niveau d’ensemble du National 3 a largement diminué depuis la fin de l’ex-CFA2. Un constat que font des élus de Ligues mais aussi de nombreux clubs. Beaucoup d’entre-eux ne serait d’ailleurs pas contre la possibilité de rejouer contre des équipes des Ligues voisines plutôt que d’affronter toujours les mêmes adversaires. Mais le principal argument est la diminution du nombre d’équipes au niveau fédéral.

Dernièrement, un élu régional nous avait confié qu’une réforme du National 3 augmenterait les déplacements… ce qui n’est pas tout à fait vrai, surtout dans des Ligues aussi vastes que La Nouvelle-Aquitaine, Auvergne Rhône-Alpes, Occitanie ou Grand-Est. En effet, les circuits de déplacements et la durée des trajets sont souvent plus simples entre deux parties de Ligues voisines que dans une Ligue elle-même.

Réformer aussi les féminines et le Futsal

En Pays de la Loire, Orvault SF et Le Mans FC n’ont perdu que quatre matchs en deux ans… mais les deux clubs n’arrivent pas à remonter en D2F. (Photo Philippe Serre – Reflex 1.7)

Aujourd’hui, on compte 18 clubs en National, 64 clubs en National 2 et 168 clubs en National 3… soient 250 clubs au niveau national. La volonté fédérale est donc de réduire ce nombre de clubs, tout en reprenant la main complètement sur le National 3 qui est aujourd’hui en partie géré par les Ligues, sauf pour le Corse-Méditerranée. Alors huit ou dix groupes de National 3 après cette réforme ? Le National et le National 2 seront-il aussi impactés ?

Outre les championnats nationaux masculins, une réforme des championnats féminins serait aussi nécessaire. La D2 féminine est aujourd’hui trop disparate avec, chaque saison, des clubs qui finissent avec très peu de points. Une seule poule de D2F va devenir une nécessité pour avoir un vrai championnat élite en-dessous de la D1F. Et cela pourrait permettre de créer un troisième niveau fédéral ou alors des championnats interrégionaux qui seraient beaucoup plus intéressants pour des clubs qui dominent leurs Ligues mais qui n’arrivent pas à se pérenniser en D2F. La réflexion est la même pour le Futsal, qui fonctionne sur le même schéma.

Avoir moins de clubs au niveau national doit aussi permettre à la Fédération Française de Football de mieux les aider. Aujourd’hui, les dotations sont de 30 000 euros en National 2 et 8 000 euros en National 3, pour ceux qui sont en conformité avec la licence clubs. Mais cela permettrait aussi de hausser le niveau des compétitions régionales. Car avoir trente clubs dans une élite de Ligue ne permet pas de tirer le niveau sportif vers le haut. C’est indéniable. Une réforme pourrait donc être bénéfique pour l’ensemble du football amateur avec des compétitions plus attractives.

Jérome Bouchacourt