La semaine dernière, Canal + et beIN Sports ont affirmé qu’ils refusaient de verser la dernière tranche des droits TV du football professionnel. Un vrai soucis.

Ce dimanche 5 avril, Canal + était censé régler 110 millions d’euros concernant les Droits TV, ce qui représente 15% du montant annuel total. « En cas de force majeure, lorsque les matches ne sont plus livrés, les paiements sont suspendus, a indiqué la chaîne cryptée, diffuseur historique de la Ligue 1. On applique strictement le contrat et on ne voit pas pourquoi on ferait autrement : Canal+ n’est pas une banque. » Puis c’est beIN sports qui a reporté le versement de sa part, 42 millions d’euros.

Si le non versement de ces sommes va mettre de nombreux clubs professionnels en grande difficulté financière, il va aussi avoir un impact sur le football amateur. « S’ils ne sont pas versés, cela aura un impact dans le cadre de la convention que nous avons avec la LFP, nous a confirmé Noël Le Graët, le président de la FFF. Cette convention prévoit 2,5% des droits TV au titre de la solidarité entre le football professionnel et amateur. »

Une perte de 5 millions d’euros ?

L’article 7 de la convention entre la FFF et la LFP prévoit en effet « une contribution financière unique en faveur du football amateur qui sera calculée à hauteur de 2,5% de l’assiette constituée des droits d’exploitation audiovisuelle ». Le versement est prévu « en quatre échéances trimestrielles égales ». Ce pourrait donc être un manque à gagner important pour le football amateur.

« Disons que sur les 110 millions d’euros qui ne sont pas versés par Canal +, il y a environ 5 millions d’euros pour le sport amateur à travers l’Agence nationale du Sport (ANS), explique Pierre Rondeau, économiste du sport. Mais ça pourrait être la même chose avec Mediapro, si la saison prochaine est décalée, car ils pourraient demander réparation. Le football, amateur comme professionnel, va vivre des heures difficiles. »

Ce n’est pas encore le cas mais les perspectives ne sont pas réjouissantes. Mais il existe des leviers. « La solution serait de déplafonner enfin la taxe Buffet en faveur du sport amateur » précise Pierre Rondeau. celle-ci est en effet plafonnée à 40 millions d’euros, quel que soit le montant des droits TV. Le sénateur de l’Isère Michel Savin avait d’ailleurs fait une proposition intéressante à ce sujet en novembre dernier. Car il existe des solutions pour éviter que le football amateur puisse récupérer des fonds supplémentaires.

Jérome Bouchacourt