Le football féminin doit continuer de se structurer pour se développer. (Photo Philippe Le Brech)

Si le succès de la coupe du Monde est indéniable, le football féminin doit aujourd’hui passer de la masse au perfectionnement. C’est indispensable sur la durée.

7 juillet 2019, 19h. L’équipe de France remporte la coupe du Monde féminine en dominant l’Allemagne au bout d’un match haletant qui a ravi les 60 000 spectateurs du Groupama Stadium… et les 18 millions de téléspectateurs qui étaient devant leur petit écran. Certes, on s’avance un peu mais ce scénario est tout à fait possible pour les Bleues de Corinne Diacre.

Un an après la victoire des joueurs de Didier Deschamps en Russie, un succès de l’EDF féminine aurait un nouvel impact important sur le football français. Les clubs devraient sûrement faire face à un nouvel afflux de licenciés, notamment de nombreuses jeunes filles. Si le développement du football féminin mis en place par la FFF est tout à fait louable, il s’agit aujourd’hui de football de masse. Et comme le pensent de nombreux dirigeants ou techniciens, il est désormais nécessaire de passer à la vitesse supérieure.

« Depuis des années, la communication de la FFF est axée sur l’équipe de France et pas sur les clubs, a confié Laurent Nicollin, président de Montpellier à nos confrères de l’Equipe. Mais à un moment donné, il va falloir inverser. L’Olympique Lyonnais est l’arbre qui cache la forêt. (…) Je suis très content que le Mondial soit un succès mais, derrière, il reste beaucoup de boulot à faire si on ne veut pas que le Championnat s’affaiblisse, et si on souhaite que les tribunes se remplissent. »

Si le fils du regretté Loulou parle de la D1 Féminine, le constat est le même à l’étage inférieur et dans les championnats jeunes. « Avec le football de masse, on a peut être un peu oublié le perfectionnement de la joueuse, assure Lydie Charrier, Conseillère Technique Régional de la Ligue des Pays de la Loire. Il faudra accompagner les clubs à être plus exigeant. Il y a un gros travail à effectuer. »

Une refonte complète des compétitions ?

L’arrivée des clubs professionnels vers le football féminin est une excellente nouvelle, même si cela se fait au détriment de clubs « historiques ». A l’image d’Arras FF qui va intégrer le RC Lens prochainement. « On est en partenariat avec Lens depuis sept ans, explique Philippe Verstaen, le président arrageois. On savait qu’on allait arriver à fusionner à un moment donné. C’est une chance pour nous de pouvoir nous appuyer sur une structure professionnelle. » Ce sera effectif en 2020-2021.

Cela pose donc la question d’une réforme des championnats. Plusieurs techniciens plaident en effet pour une D1 à 14 ou 16 clubs ainsi qu’un groupe unique de D2F afin d’avoir un championnat plus homogène. Car cette saison, Rennes Bréquigny (6 points) ou encore Portet-sur-Garonne (4 points) n’ont pas existé. Et cela permettrait de mettre en place une D3 afin de privilégier des clubs amateurs qui se cassent les dents depuis plusieurs années en barrage d’accession face à des clubs pros… mais aussi les équipes réserves des clubs de D1F puisque certaines d’entre-elles sont régulièrement championnes de Régional 1 comme Lyon et Montpellier.

« Cela nous permettrait de faire jouer nos jeunes joueuses à un meilleur niveau, indique un ex-entraîneur de D1F. Mais il faut aussi réduire le championnat national U19 où le niveau est très hétérogène. » Ce sera fait en 2020-2021 avec le passage de 36 à 30 clubs. Mais ce serait pas encore suffisant pour de nombreux dirigeants. Les idées fusent et il faut continuer de les mettre en forme car après la masse, le football féminin doit désormais se structurer pour améliorer le perfectionnement des joueuses.

Jérome Bouchacourt