Karim Mazeghrane est un jeune entraîneur heureux et fier de son groupe (crédit : FC 93)

Passé tout proche de l’élimination, le FC 93 a su faire preuve de caractère pour renverser deux fois la situation et rejoindre les quarts de finale de la Coupe Gambardella. Entretien avec son entraîneur : Karim Mazeghrane.

Au lendemain de votre qualification pour les quarts de finale de la Coupe Gambardella, réalisez-vous l’exploit que vous avez accompli ?

« Honnêtement, c’est encore le flou dans les têtes, surtout que le scénario est complètement dingue ! On était mené 2-0 à la mi-temps. On a frôlé l’élimination. Mais on a été courageux, on est bien revenu au score. On a su aller à la séance de tirs au but et même lors de la séance on n’est pas passé loin de la sortie. Lorsque l’on rate un de nos tirs, derrière, ils ont une balle match mais la ratent également. On a profité de cela. On est revenu en vie deux fois. »

Justement lors de la causerie qu’avez-vous dit à vos joueurs pour les réveiller ?

« Mon management est participatif. J’ai laissé le groupe prendre la parole. C’était important qu’ils se disent les choses. De nombreux joueurs se sont exprimés à la mi-temps, ils se sont dit qu’à 2-0 il fallait lâcher les chevaux. Avec le staff, on leur a également dit de lâcher le frein à main. Je pense qu’en première mi-temps, on a été inhibé par l’enjeu. On n’est pas supérieur à Saran mais le 2-0 faisait mal, surtout qu’on s’est pris le deuxième but en toute fin du premier acte. On s’est promis de tout donner et de ne pas avoir de regrets sur cette seconde mi-temps. C’était beau ! Ils sont partis chercher cette qualification, ils n’ont jamais abdiqué. Sur l’ensemble du match, le minimum était d’obtenir ce match nul. »

Karim Mazeghrane : « La communication de Saran autour de ce match nous a transcendés ! »

Au début janvier, vous avez d’ailleurs affronté l’USM Saran en amical. Votre groupe avait-il encore cette défaite dans un coin de sa tête ?

« Ce match-là a fait plus de mal à Saran qu’à nous. Certes, ils nous ont battu mais c’était un match de reprise pour nous, on savait que l’effectif ne serait pas le même. Cette rencontre nous a permis de nous rendre compte des forces et des faiblesses de notre adversaire. On savait que c’était jouable et que c’était une belle équipe. Mais la communication de Saran autour de ce match nous a transcendés. Il estimait que tomber contre nous était un tirage favorable, forcément on était encore plus motivé. Sincèrement, le fait d’avoir perdu cette rencontre nous a été bénéfique. On a déjà connu les défaites et les remises en question alors qu’eux n’ont jamais connu le moindre échec, même en amical. Le fait de nous avoir gagné, inconsciemment cela a joué. Ils n’ont pas préparé le match de la même manière que nous. Notre objectif était de les faire tomber. On s’est servi de nos frustrations pour gagner ce match. »

Pour la suite de la compétition, espérez-vous tomber contre une structure professionnelle ?

« Quand on démarre un parcours en Coupe, le plus important est d’aller le plus loin possible. Donc entre choisir un club régional et professionnel, je prendrais toujours le club régional, puisque le tirage sera ouvert. Je suis contre le fait de recevoir l’Olympique Lyonnais en 64e, d’en prendre cinq et de rentrer à la maison. Cela ne m’intéresse pas. Je suis plus dans l’optique d’aller le plus loin possible. Le jour où il ne restera que des structures professionnelles on les affrontera. Je préfère avoir fait tout ce chemin et arriver en quart de finale que d’avoir joué le Stade Rennais et être sorti. Je vois les choses autrement que de sortir par la grande porte. »

« Être dans les huit meilleures équipes de France, c’est une grande fierté ! »

Avec Lyon – La Duchère, vous êtes désormais les derniers représentants de R1. Est-ce une fierté ?

« Être dans les huit meilleures équipes de France, c’est une grande fierté ! C’était inimaginable. Je me rappellerai toute ma vie du début de la compétition. En septembre contre Vaires-sur-Marne, une équipe de D2 on a frôlé la catastrophe ! On perdait 2-0 à la mi-temps. On passe d’un premier tour chaotique à un quart de finale. C’est juste magique. Dans la Seine-Saint-Denis, c’est du jamais-vu. Je suis un jeune coach de 28 ans et d’atteindre un tel niveau dans la Coupe Gambardella, même dans mes rêves je ne l’avais pas imaginé. »

Après de telles émotions, il ne sera pas trop dur pour vos joueurs de se replonger dans le championnat ?

« Il faut être sincère avec les joueurs. On sait qu’inconsciemment ils penseront plus à la Gambardella qu’au championnat. Mais je me sers de l’énergie positive qu’on a acquis dans cette compétition pour avancer en R1. Je suis persuadé que si on avait connu une élimination précoce en Coupe on n’aurait pas eu la même cohésion, solidarité et proximité de groupe. Au début de l’année, les joueurs se connaissaient à peu près, mais désormais grâce à cette aventure, c’est une vraie famille. C’est bénéfique. Après on a la chance d’avoir un championnat assez homogène. On n’est qu’à six points du premier, tout en sachant qu’il reste 10 matches. Il y a toujours cet enjeu d’aller chercher quelque chose en fin de saison. Mon effectif va savoir faire la part des choses, mais la Gambardella c’est spécial, ils en rêvent tous. Ce sont des émotions qu’ils ne revivront peut-être jamais dans leur vie. Le championnat, c’est le pain quotidien, avec le staff on va faire en sorte de les concerner, mais je ne suis pas inquiet. »