Le collectif de clubs qui se met en place avec l’appui de l’Association Française du Football Amateur (AFFA) va envoyer un nouveau courrier à Noël Le Graët.

Alors que de nombreux clubs vont saisir le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) dans les prochaines heures, le collectif conduit par l’AFFA et le président de l’AS Saint-Priest, Patrick Gonzalez, va envoyer ce samedi un troisième courrier à Noël Le Graët, le président de la FFF.


Nos courriers des 2 et 14 avril n’ont pas reçu de réponse. Cette nouvelle lettre en recevra-t-elle une, alors que plus de 3 000 clubs amateurs vous ont adressé un message de détresse ?

Le 16 avril, le Comité exécutif a pris des décisions sans tenir compte des nombreux avis qui remontaient du terrain. En Angleterre, par exemple, les clubs amateurs ont été consultés et ont décidé à 90 % de mettre un terme aux championnats. Dans un contexte exceptionnel, la FFF a pris des décisions arbitraires, choisissant de sacrifier l’équité sportive, l’intérêt général et l’égalité.

Alors que le monde du sport et du football s’enfonce chaque jour un peu plus dans la crise, vous avez fait le choix d’ajouter du malheur au malheur. D’ailleurs, certains membres du Comité exécutif, dont nous respecterons l’anonymat, nous ont fait part de leurs regrets.

Roger Prat, Président du district de football du Cantal évoque une décision « injuste, inéquitable et inégalitaire. »

Le football français a plus que jamais besoin d’une parole forte et d’actions résolues en direction du monde amateur, comme professionnel. En effet, après cette crise sanitaire dramatique, une crise économique et sociale risque d’emporter les derniers rescapés d’un monde amateur qui n’est pas défendu par la FFF, dont c’est pourtant l’un des piliers.

Mesdames et Messieurs les membres du Comité exécutif, vous aviez une opportunité historique de vous montrer à la hauteur de la situation :
– En interdisant toutes les descentes, comme d’autres fédérations l’ont déjà décidé.
– En décidant un Fonds d’urgence exceptionnel de 300 M€ pour le football amateur, dont les 15000 clubs remontent chaque année plus de 150 M€ aux instances.
– En réorganisant la pyramide des championnats amateurs.

Comment se fait-il que la Fédération Française de Rugby compte 336 clubs fédéraux pour 1900 clubs, alors que la FFF ne compte que 250 clubs nationaux pour 15000 clubs ?

Enfin, l’organisation d’une véritable solidarité entre le football professionnel et le monde amateur devrait devenir une priorité. D’ailleurs, pour montrer notre totale solidarité avec le football professionnel, et comme les championnats ne semblent pas près de repartir, après les récentes déclarations de Madame la Ministre des Sports, nous proposons qu’il ne soit procédé à aucune descente en Ligue 1 et en Ligue 2, comme nous l’avions demandé pour le football amateur.

Ainsi, la saison prochaine, les championnats de L1 et L2 compteraient 22 clubs et profiteraient de l’arrêt de la Coupe de la Ligue, pour trouver des dates libérées dans le calendrier. De son côté, le football amateur se bat pour sa pérennité et son avenir. Passionnés mais désabusés, nos bénévoles n’en peuvent plus…

Depuis le 2 avril, les clubs amateurs ne marchent plus seuls et un espoir s’est levé pour que le football de demain ne ressemble pas à celui d’hier. C’est pourquoi, en situation de « légitime défense », le football amateur a choisi de s’organiser et d’unir ses forces pour entrer en résistance.

Nous utiliserons toutes les armes pacifiques à notre disposition pour remettre nos clubs au cœur du football :
– Recours en justice contre vos décisions injustes.
Un recours est adressé au CNOSF par un Collectif de clubs amateurs. Nous demandons à tous les clubs lésés de combattre vos décisions.
– Appel aux médias pour informer de nos actions.
– Interpellation des élus et des parlementaires pour changer la loi et obtenir enfin une vraie démocratie.

Vous aviez déjà la disparition de plus de 4000 clubs sur la conscience, vous y aviez ajouté l’injustice faite au club de Luzenac (rétrogradé en 2014, alors qu’il avait acquis sa montée sportive en L2) et maintenant vous choisissez d’inventer des règles, jusque-là totalement inconnues dans le football, pour abattre le club du Haut Lyonnais…

En conséquence, au nom de l’intérêt supérieur du football, nous demandons solennellement la tenue, dès que possible, d’une Assemblée fédérale extraordinaire pour revenir sur les décisions du Comité exécutif du 16 avril.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du Comité exécutif, en l’assurance de nos meilleurs sentiments sportifs.

Jérome Bouchacourt