Le club d'Arras Foot Féminin (en rouge) va intégrer le RC Lens dans un an.
Le club d'Arras Foot Féminin (en rouge) va intégrer le RC Lens dans un an. (Photo Philippe Serre - Reflex 1.7)

Depuis quelques années, les clubs professionnels s’accaparent des sections féminines « historiques ». Mais est-ce vraiment une bonne chose ? Enquête.

Cette saison, la D1 féminine ne compte plus que trois équipes qui ne sont pas issues de clubs professionnels : Rodez Aveyron Football, Fleury FC 91 et l’ASJ Soyaux Charente. Depuis quelques années, des clubs féminins « historiques » ont d’ailleurs été absorbés par leurs voisins professionnels comme Blanquefort (Girondins Bordeaux), Templemars-Vendeville (Lille OSC), Saint-Brieuc (EA Guingamp) ou encore le FC Lyon (Olympique Lyonnais).

La saison prochaine, ce sera le tour d’Arras Foot Féminin (D2) de se rapprocher du RC Lens. « On est en partenariat avec Lens depuis sept ans, explique Philippe Verstaen, le président arrageois. On savait qu’on allait arriver à fusionner à un moment donné. C’est une chance pour nous de pouvoir nous appuyer sur une structure professionnelle. » Ce sera effectif en 2020-2021.

D’autres clubs professionnels ont choisi de créer leur propre sanction comme le RC Strasbourg et le FC Nantes, commençant au plus bas niveau. Et après quelques années d’existence, ces deux sections féminines vont participer au barrage d’accession en D2F. A court terme, les championnats nationaux vont donc voir tous les clubs professionnels arriver… au détriment de certains clubs « historique ».

« Des structures avec plus de moyens ! »

« Si on veut continuer d’exister, il faut qu’on se structure pour mettre en place une organisation de club de haut-niveau, affirme Bastien Pasquereau, l’entraîneur de l’ESO La Roche-sur-Yon (D2). Car même si on tend vers l’excellence, on sait qu’on sera toujours confrontés à des structures qui possèdent plus de moyens que nous. » La solution peut donc être de se rapprocher d’autres clubs amateurs, à l’image de Soyaux (D1) avec Angoulême.

« Le rapprochement avec Angoulême était primordial pour notre club afin de perdurer au sein de l’élite du foot féminin, confie Sébastien Joseph, l’entraîneur sojaldicien. Car la structuration et le niveau de la D1 augmente chaque saison, notamment avec l’arrivée des clubs professionnels. » Avec douze équipes en D1 et vingt-cinq en D2 (Strasbourg Vauban avait été réintégré en début de saison), la pyramide de ces championnats est d’ailleurs peut-être à revoir.

« La réforme de la D2, qui est passée de trois à deux groupes il y a trois ans, a été bénéfique car le niveau global a augmenté, explique le technicien charentais. Je pense que ce serait désormais intéressant de passer la D1 à 14 clubs. Mais aussi de réduire le nombre de rassemblements internationaux car il y a des compétitions sans trop d’intérêts comme la Manga Cup en Espagne. »

Une réforme des championnats nécessaire ?

Un D1 à 14 mais peut-être aussi un groupe unique de D2 avec le retour de la D3. Ce sont des idées qui ressortent chez beaucoup de techniciens ou de dirigeants de sections féminines. « Il faut prendre en compte le développement du football féminin, assure Bastien Pasquereau. Ouvrir le niveau national à d’autres clubs est forcément intéressant. » Pour Sébastien Joseph, « cela permettrait à de jeunes joueuses de jouer à un meilleur niveau ».

Interrogée sur le sujet, Elisabeth Bougeard-Tournon, responsable de la promotion du football amateur à la FFF, a assuré que c’était « un sujet sur lequel il fallait réfléchir ». Car cela permettrait aussi aux clubs de travailler sur le perfectionnement de la joueuse dans des championnats plus relevés. Et de laisser une petite place aux clubs « historiques » face aux clubs professionnels.

Jérome Bouchacourt