A l’occasion du centenaire de l’armistice de 1918, Footamateur retrace l’essor du football français qui est devenu populaire durant la Première Guerre Mondiale. Tous les jours, nous vous proposons un article sur un thème spécifique.

Episode 1 : les Poilus découvrent le ballon rond.

Noël 1914, Ploegsteert (Belgique). Britanniques et Allemands ont arrêté les combats pour se retrouver dans le No Man’s Land. Cet acte de fraternité a été confirmé par de nombreuses lettres de soldats dont celle du lieutenant anglais Bruce Bairnsfather. Le mythe veut aussi que les belligérants auraient joué un match de football, même si de nombreux historiens s’opposent sur ce sujet. Si la Première Guerre Mondiale a décimé plusieurs générations, elle a néanmoins permis au football de prendre son essor dans l’Hexagone.

« C’est au départ pour remonter le moral et entretenir le potentiel physique des troupes enlisées dans la guerre de tranchées que de jeunes officiers pédagogues, reprenant l’initiative de quelques soldats, eurent l’idée de recourir au sport dès le début de 1915, explique l’historien Michel Merckel. Pour les Poilus, issus majoritairement du monde rural, ce fut l’occasion de toucher pour la première fois un ballon de foot. »

On retrouve ainsi régulièrement des matchs de football à l’arrière du front. « Le football va devenir rapidement, au sein de l’armée française, le sport le plus pratiqué, et le nombre de ses adeptes ne va cesser d’augmenter, ajoute l’auteur du livre 14-18, le sport sort des tranchées. À partir de ce moment, le mouvement va rebondir et grandir, influencé par les grands événements du conflit, comme la bataille de la Somme en 1916, les mutineries de 1917 ou l’arrivée sur le front des troupes américaines en 1918. »

A Hermonville (Marne), les soldats jouaient au football sur la place du village. (Bibliothèque de documentation internationale contemporaine)
A Hermonville (Marne), les soldats jouaient au football sur la place du village. (Bibliothèque de documentation internationale contemporaine)

 « Favoriser l’entente entre les officiers subalternes et les soldats »

Des propos corroborés par le journal Sporting comme le rapporte Arnaud Waquet, maître de conférence à l’université de Lille. « On ne joue pas au football comme on joue aux cartes (…) L’effort athlétique est infiniment plus proche de l’effort héroïque déployé, sur un champ de bataille, par nos soldats que de l’effort de roublardise, déployé autour du tapis vert, par des amateurs de manilles. » Ancêtre de l’Equipe, le journal L’Auto avait d’ailleurs mis en place l’envoi de ballons de football sur le front à partir de novembre 1914, appelant cette opération « Les ballons du soldat ».

Le football est rapidement devenu un exutoire au quotidien du front et des tranchées. « En 1916, l’usure morale et physique des Poilus nécessite une adaptation de la gestion de la troupe par les officiers au contact des soldats, poursuit l’enseignant-chercheur lillois sur le site www.centenaire.orgDe jeunes officiers, inspirés par leurs homologues britanniques, comprennent l’intérêt de développer la pratique du football auprès de leurs hommes afin de leur apporter un (ré)confort mais également pour favoriser l’entente entre les officiers subalternes et les soldats qui vivent et combattent ensemble au front. »

Lorsqu’ils rentrent chez eux, pour quelques semaines de repos ou définitivement, ces soldats n’hésitaient pas à taper le ballon dans leurs villages. De nombreux clubs ont d’ailleurs vu le jour au lendemain de la Grande Guerre. C’est le début de l’essor du football français… que nous vous conterons dès demain dans la suite de notre dossier !

Jérome Bouchacourt