EL KHOUMISTI Fahd (Concarneau)
Fahd El Khoumisti sous le maillot de l'US Concarneau. (Photo Philippe Le Brech)

Meilleur joueur de National sous les couleurs de l’US Concarneau, Fahd El Khoumisti (29 ans) a opté pour le projet proposé par le Mans. Un choix mûrement réfléchi pour l’attaquant originaire de Mamers dans la Sarthe.

Fahd, pourquoi avoir choisi le Mans alors que tu devais être extrêmement sollicité ?

« Je pensais sincèrement être sollicité à un échelon au-dessus et je n’ai pas ressenti cet intérêt, cette envie de me recruter malgré quelques contacts qui n’ont pas abouti. A mon âge, je l’ai pris un peu comme un manque de respect, quelque chose qu’il faut encaisser. Une fois la frustration évacuée, je me suis vite tourné vers les clubs de National qui me voulaient réellement. Et Le Mans FC a réuni toutes les conditions pour que mon arrivée puisse se faire : du feeling initial jusqu’aux discours avec les dirigeants, on peut dire que toutes les planètes étaient connectées avec le club sarthois. L’aspect financier a également fait penché la vapeur mais je dois dire qu’ici, tout semble plus simple. »

Après ta découverte de la L2 à Orléans, on sent une légère amertume dans tes propos…

« Je n’ai pas réellement eu ma chance à Orléans, mis à part d’être assis sur le banc (rires). Quand je vois que certains ne marquent pas et sont titulaires en Ligue 2. Je retrouverai cette division tôt ou tard car je garde ça dans un coin de ma tête. Je suis passé à autre chose désormais. J’ai vraiment fait le bilan et je ne veux pas quémander ma place au-dessus. Le défi au Mans est passionnant et je pense que c’était le bon moment pour moi de venir ici. »

« Mon objectif a toujours été de bien jouer avant tout »

Après ta saison exceptionnelle à Concarneau, pensais-tu faire aussi bien ?

« Absolument ! Au fond, personne ne sait de quoi je suis capable mais j’en suis conscient de mes qualités, je savais que j’étais capable de faire ce genre de chose. Cela étant dit, il y a une différence entre le dire et le faire. Et malgré mon rendement, on a terminé quatrième mais c’était la plus belle saison de ma vie en termes de partages. »

Une saison qui te galvanise encore plus finalement…

« Je n’étais pas surpris car je validais quelque chose dont je savais que j’étais capable. Ça fait toujours plaisir. Mon objectif a toujours été de bien jouer avant tout, d’être décisif par la suite. Quand je suis bon dans le contenu, je suis bon offensivement. Je pense d’abord à bien jouer même si je veux toujours gagner. Et c’est quand j’arrive à marquer que j’aide aussi l’équipe ! »

Qu’as-tu ressenti après avoir été élu meilleur joueur de National ?

« C’était une énorme fierté car il y a pas mal de monde en National qui aurait pu prétendre à cette distinction. C’est hyper valorisant même si j’aurais préféré gagner en équipe mais personnellement, c’est un aboutissement. »

Être titulaire à tous les matches, c’est forcément un rythme très rigoureux à avoir ?

« Depuis mon passage à Orléans, j’ai progressé sur plusieurs plans. J’ai su utiliser ma frustration, ma hargne dans le bon sens du terme. J’ai changé au niveau de l’alimentation, au niveau du sommeil aussi et ce sont les choses les plus importantes. C’est vraiment difficile de toujours bien manger mais c’est un rythme à prendre. Je mange football, je dors football, la devise bien connue pour atteindre une certaine longévité. Et malgré tout ça, on ne me fait toujours pas confiance (rires). »

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A Orléans, Fahd El Khoumisti estime ne pas avoir vraiment eu sa chance. (Photo Philippe Le Brech)

« J’ai besoin des autres pour mettre en place mon jeu »

Quelles relations entretenais-tu avec ton coach, Stéphane Le Mignan ?

« Avec le coach, on a la même manière de voir le foot. Notre vérité se ressemble. Il est vraiment bon techniquement parlant. Mais surtout, il m’a appelé quand je n’avais rien, quand je ne jouais pas. On s’est très bien marié car ça a tout de suite matché. Son football m’a vraiment bien parlé mais il m’a surtout permis d’utiliser au mieux mon profil. J’ai beaucoup de respect car il m’a beaucoup aidé. Quand je parlais d’équipe, le coach est très important là-dedans. »

Et avec tes coéquipiers ?

« Ce sont des bons gars ! C’est bien d’être un bon joueur mais c’est tout aussi bien d’être un bonhomme et j’en ai rencontré ici. Ils étaient très heureux également pour moi quand j’ai reçu le trophée de meilleur joueur et ça m’a beaucoup touché. Même si elle est individuelle, je la dédie à tout le groupe car un joueur ne peut pas être bon tout seul. J’étais souvent à la conclusion de tout ce qu’on a fait ensemble. Quand on marque, on est souvent remarqué mais j’ai besoin des autres pour mettre en place mon jeu. C’est en tout cas ma vision du foot. »

Les supporters t’ont également adoubé, jusqu’à imaginer un chant en ton honneur. Auraient-ils pu faire pencher la vapeur pour que tu restes ?

« Evidemment, l’amour que j’ai reçu du peuple à Concarneau aurait pu peser dans la balance. Mais j’avais l’opportunité de retrouver un environnement familial au Mans et surtout de rendre à ma région natale ce qu’elle m’a donné. J’aurai toujours un profond respect pour ce club et ses supporters car on a vécu une très belle histoire. Je n’ai jamais ressenti ça en quittant un club mais pour la belle histoire, je sentais que c’était le bon moment pour revenir en Sarthe. »

Comment imagines-tu le coaching avec Cris, ancien très grand défenseur de Ligue 1, au vu de ton profil très offensif ?

« Je dirais tout d’abord que la grosse ressemblance entre Le Mignan et Cris, c’est l’humilité. Une valeur fondamentale chez moi. C’est la base de tout pour avancer. Maintenant, défenseur, milieu de terrain, attaquant… la seule chose qui compte, c’est la vision du foot, la façon de voir les choses. Je suis un mec qui marche au feeling et j’ai directement ressenti ça. »

« Les qualités c’est une chose mais l’humilité est primordiale »

Quelle différence décèles-tu dans le joueur que tu es aujourd’hui comparé à ton passage à Orléans ?

« Des choix ont été fait et on ne peut pas forcer les gens à aimer le même football que vous. Orléans, c’est un peu la même histoire que les clubs de Ligue 2. On ne m’a pas forcément donné ma chance et je sais que ce que j’ai montré à Concarneau, je peux le reproduire plus haut. Et ça sera peut-être au Mans, qui sait ? »

Tu te sais attendu aujourd’hui. C’est quelque chose que tu redoutes ?

« Pas du tout, je prends beaucoup de plaisir à revenir dans ce championnat. Je sais ce qu’il a fallu mettre en place pour réaliser une saison de la sorte. Les qualités c’est une chose mais je le répète, l’humilité est primordiale, personnellement et collectivement. Il faut respecter le sport et même au plus haut niveau, quand je regarde certains matches, il y a des attitudes qui ne trompent pas. Et il faut trouver le juste milieu par rapport à ça. »

On t’a appelé le Cavani de la réserve du PSG ou encore le Benzema du National. Comment te compares-tu à ces joueurs ?

« C’est vrai que ça fait plaisir (sourires). A cette époque au PSG, on ne me voyait pas beaucoup jouer car j’ai pris des cartons rouges mais j’ai mis mes buts. Et justement, être comparé à Edison Cavani, c’est formidable. C’est un joueur qui a la classe, très humble. C’est valable également pour Karim Benzema qui est pour le meilleur joueur du monde. Ce sont ces stars qui font évoluer le foot. C’est un peu drôle ces comparaisons, surtout à 29 ans, et j’espère qu’un jour je serai juste El Khoumisti. »