Erwan Quintin Vannes OC
Erwan Quintin est heureux d'être revenu au Vannes OC. (Photo Philippe Le Brech)

A travers de nombreux souvenirs, Erwan Quintin retrace les moments forts de sa carrière qui n’est toujours pas terminée à 37 ans avec le club de son cœur.

Un parcours remarquable

« Je suis très content de toute ma carrière professionnelle. Ce n’était
pas gagné d’avance. J’ai pu faire quelque chose d’intéressant et d’avoir pu en vivre pendant quelques années, forcément c’est génial. Et surtout d’avoir
côtoyé des joueurs de haut niveau. J’ai joué dans des clubs avec une histoire. »

Un match de Ligue 1, 215 de Ligue 2, 114 de National

« J’aurais aimé jouer un peu plus en Ligue 1 (rires) mais c’est comme
ça. Il n’y a pas forcément de regrets. Sur l’ensemble de ma carrière, j’ai pu
faire des années assez complètes. »

La génération Mavuba, Chamakh, Francia

« Je venais de rejoindre les Girondins de Bordeaux après avoir quitté
Vannes. Je jouais avec l’équipe réserve sous Patrick Battiston. Elie Baup
coachait l’équipe première. Au bout de trois, il s’est fait limoger. Michel
Pavon a pris la suite. A Bordeaux, il a été connu pour faire confiance aux
jeunes. J’étais de la génération des Mavuba, Chamakh et Pablo Francia. Eux
s’entraînaient tout le temps avec l’équipe première. Moi, j’y allais de temps
en temps. Et en fait, j’ai profité des joueurs qui partaient à la CAN au mois
de janvier. Contre Nantes, j’ai été pris dans l’effectif pour jouer ce match.
C’était à Chaband-Delmas, on avait gagné 2-0. J’étais sur le banc et j’ai joué
18 minutes à la fin. Je suis rentré attaquant. C’était une super expérience.
Sept mois auparavant, je quittais Vannes, c’était top. »

Une finale de coupe de la Ligue en 2009 contre Bordeaux

« Ça fait partie des meilleurs moments de ma carrière. Ce parcours était
exceptionnel. Même nous on ne se voyait pas faire tout ça. Et sincèrement, il
faut le vivre pour savoir ce qu’on peut ressentir.  Jouer au Stade de
France devant 80 000 spectateurs, c’est magique. J’ai connu beaucoup de joueurs dans ma carrière qui ont joué beaucoup de matchs en Ligue 1 et en ligue2 mais qui n’ont jamais joué dans ce stade. On bat Nice en demi au stade du Ray et Nîmes en quart de finale. On l’a vécu vraiment entre amis. »

Une grave blessure en 2015 avec Châteauroux

« J’avais quitté Avignon au mois de décembre et j’ai pu m’engager avec
Châteauroux le 5 janvier. Pascal Gastien (actuel entraîneur de Clermont) me
voulait dans l’effectif. Et il voulait m’aligner au milieu de terrain. C’est
mon poste préféré et où j’apporte le plus par rapport à mes qualités. Plus que latéral gauche même si j’ai fait tout ma carrière à ce poste. J’étais très
content de signer même si on était dans le bas du classement. J’ai dû jouer
trois matchs et la semaine d’après, on va jouer à Clermont. En deuxième
mi-temps, j’ai un duel de la tête à jouer. Un ballon est dégagé de la surface
adverse, j’avance pour un pressing. Le ballon est en l’air, je saute pour le
déposer dans la surface parce qu’il y avait pas mal de densité. Et je n’avais
pas vu le joueur de Clermont (Jacques Salze) qui est arrivé au dernier moment. Quand il est redescendu, il me percute de plein fouet avec son crâne au niveau de mon œil et de mon nez. Tout est parti (fracture de la mâchoire, multiples fractures du nez, le palais ouvert, douze dents fracturées, entorse du rachis crânien, lèvre ouverte). C’était la totale. »

Et le temps des doutes…

« Ma convalescence n’a pas été longue mais j’avais des marques sur le visage. J’ai eu les mâchoires fêlées pendant plus d’un mois. C’était très compliqué pour communiquer. Je suis resté à la maison sans voir personne. Je ne ressentais pas de la honte mais ça demandait tellement d’efforts pour pouvoir tenir une conversation, que c’était très compliqué. J’ai suivi mes soins. Cette blessure m’a cassé dans mon élan et dans mes envies. Mais dès que j’ai pu reprendre à courir, ça allait mieux. Ça fait partie du jeu. Certains se font les croisés ou une rupture du tendon d’Achille. Ils en ont pour 6-7 mois. Dans mon malheur, je n’en ai eu que pour 3 mois. Je ne vais m’apitoyer sur mon sort. En fin de saison, j’ai pu jouer en équipe réserve et le match d’après contre Troyes avec le groupe pro. Notre sort était scellé, on était condamné à descendre en national. Mais j’étais content de pouvoir jouer mon dernier match de Ligue 2 avec Châteauroux sous les ordres de Cédric Daury (actuel directeur sportif de l’AJ Auxerre). »

Trois aventures à Vannes, son club de cœur 

« C’est le club qui m’a formé. J’y ai joué de mes 13 à mes 19 ans. J’ai
eu la chance de côtoyer des éducateurs comme Stéphane Madec (actuel entraîneur de l’équipe réserve de Vannes), Loïc Désiré (actuel recruteur à Strasbourg) et forcément Stéphane Le Mignan (entraîneur de Concarneau). Quand j’ai débuté avec les séniors, je jouais avec l’équipe réserve en DH et Stéphane était l’entraîneur-joueur. C’est lui qui m’a proposé à Denis Goavec, l’ancien entraîneur de l’équipe première en CFA. Quand il est parti en cours de saison, Stéphane Le Mignan a repris le flambeau. Je lui dois beaucoup. C’est lui qui m’a lancé dans le bain à 17 ans. Et m’a rappelé après mon aventure à Nîmes (2006-2007) pour rebâtir une équipe avec des Bretons et une identité bretonne. »

Il est comme à la maison…

« J’avais repris les études à 23-24 ans. Fred Sammaritano avait signé, on se
retrouvait avec Pierre Talmont, Laurent Hervé, Jérôme Lebouc, Stéphane Auvray et tous ces joueurs-là. C’est aussi grâce à lui qu’on monte en Ligue 2. Et que je signe mon premier contrat pro à 24 ans. Il ne faut pas l’oublier. Ces gens-là, je leur dois beaucoup. Je sais d’où je viens. Au VOC, je m’y sens bien. Il y a tout. Je suis né ici (à Auray). J’étais au collège à Carnac et au lycée à
Vannes. Je connais la ville par cœur et j’y suis très attaché. Quand j’ai
quitté Laval pour des raisons familiales (en 2017), les dirigeants de l’époque
(Laurent Hervé et Stéphane Kerdodé) m’ont tendu la main et m’ont incité à
revenir. Je n’oublie pas tout ça. A Vannes, les conditions sont top. On n’a
rien à envier à certains clubs de National ou de Ligue 2. »

Il a joué à tous les postes sauf dans les buts

« J’ai toujours eu cette vision-là. Je ne me suis jamais caché derrière
des mauvaises performances en raison de mon poste. A partir du moment où je suis dans un club, si le staff estime que je dois jouer latéral gauche, milieu défensif, défenseur central, moi, ça ne me dérange pas. Je suis au service de l’équipe. J’ai déjà joué à tous les postes. J’ai été formé milieu offensif. J’ai même dépanné latéral droit (rires). Ça ne me dérange pas. Quand je regarde un match de foot, j’observe les déplacements de chaque poste. Et ça me permet d’apprendre. »

Ses meilleurs coéquipiers

« Pouah, il y en a plusieurs. Je vais donner trois joueurs. Il joue encore en Ligue 1 et sa carrière est à souligner, c’est Fred Sammaritano. On a un peu le même parcours mais lui a réussi à aller encore un peu plus loin dans sa carrière en goûtant à la Ligue des champions et à la Ligue 1. Je lui tire mon chapeau car ce n’est pas simple d’atteindre ces objectifs. Aujourd’hui, à 35 ans, il arrive encore à être titulaire dans l’élite.

Il y a aussi Ludovic Butelle que j’ai côtoyé à Arles Avignon et avec qui je
suis toujours en contact. C’est quelqu’un de très attachant comme Gaël Givet. Ils sont d’une humilité incroyable. Ce genre de joueurs, on est content de les avoir dans un club parce qu’ils ne calculent pas et ne se plaignent pas. A Arles Avignon, on avait un super groupe et à fort potentiel avec Téji Savanier (Montpellier), Steven Fortes (Lens), Yunis Abdelhamid (Reims), Samuel Gigot (Spartak Moscou). Il y avait aussi David Suarez (entraîneur des U19 d’Amiens). On s’entendait tous super bien. »

Un adversaire coriace, actuellement à Lyon

« Il réfléchit longuement). J’essaye de chercher un excentré droit. J’aurais dit Karl Toko Ekambi quand il jouait à Sochaux. Il allait très vite. Devant le but, c’était une gâchette. Il y en avait d’autres. A l’époque, j’avais joué contre Giroud en national. Et on voyait déjà que c’était un grand joueur. »

Un but entre latéraux

« Je n’en ai pas marqué beaucoup. Quand j’étais à Laval en Ligue 2, je
marque sur un centre de Fouad Chafik (actuel joueur de Dijon). Il était latéral droit, moi j’étais latéral gauche. C’était assez rare pour être souligné. Lui centre et je suis à la tombée du ballon, j’enchaîne contrôle, frappe. »

Un stade et une ambiance

« Excepté le Stade de France, il y en a eu beaucoup. A Bollaert, on ne
s’entend pas sur le terrain. Avec Fred Sammaritano, on aime les chansons
françaises. Et on savait que les supporters Lensois chantaient les Corons à la mi-temps, on était sorti plus tôt juste pour entendre le chant et chanter avec eux. »  

Des souvenirs en tête

« C’est la fierté d’avoir pu emmener Vannes dans le monde professionnel
avec un groupe de potes où on ne se prenait pas la tête. C’était assez
exceptionnel. J’étais venu faire un essai à Guingamp aussi. J’avais le choix
entre Bordeaux et Guingamp. J’avais eu la chance de pouvoir m’entraîner avec Didier Drogba et Florent Malouda à l’époque. »

Joueur à 37 ans et des objectifs

« Je continue à jouer au foot car je suis un passionné, j’adore taper dans un ballon. J’ai toujours cette envie folle de taper dedans et de courir. J’ai un rôle de cadre qui a connu cette expérience du monde pro grâce à Vannes. Et je suis le relais entre le staff et le vestiaire. Je suis redevable à vie au VOC. Je ne me fixe aucune limite. Le club décidera aussi s’il veut me prolonger ou pas. Malgré mes 37 ans, je m’entraîne comme tout le monde. Je suis à fond. »

L’ambition de la montée en National

« Le Stade Briochin a réussi à passer ce cap du N2 au National. Aujourd’hui, c’est l’objectif de Vannes. Mais on sait que ça peut prendre du
temps (le club est actuellement treizième, N.D.L.R.). Le plus important, c’est de retrouver cette stabilité, c’est indéniable pour construire un groupe. »

Son après-carrière

« Un ami a créé une application (Coopeo) pour optimiser les achats et les marges des restaurateurs et des boulangers. Elle est unique en France. Je suis associé et j’ai des clients un peu partout en France. Au niveau du foot, je voudrais toujours avoir un œil et un pied dedans. J’aimerais forcément avoir un rôle à jouer au sein du club mais on verra. Je suis investi en tant que joueur aujourd’hui. »