En deux ans, le SNAF est passé d’une trésorerie de 140 000 € à un gouffre abyssal de 250 000 €. On a enquêté sur les pertes du club nazairien. (Episode 1)

Au mois de mai, nous avions dévoilé que le Saint-Nazaire AF (National 3 Pays de la Loire) se trouvait en grandes difficultés financières avec un déficit que nous avions alors évalué autour de 250 000 euros. Le président Mathieu Baholet avait balayé ces insinuations en évoquant « une difficulté de trésorerie de 100 000 euros » tout en précisant que « les joueurs ont des retards de salaire de 30 jours ». Cependant nos différentes sources faisaient état de trois mois de retard de salaires pour les joueurs sous contrat alors que la plupart des éducateurs n’étaient plus payés depuis le mois de décembre.

Mathieu Baholet avait en plus annoncé que l’école de formation Brevet Professionnel Jeunesse Éducation Populaire et Sport (BPJEPS) devait rapporter « un peu plus de 100 000 euros ». Mais selon nos calculs, le retour ne dépassait pas les 30 000 euros. Car l’ex-président, qui a démissionné le 4 juin, avait omis de retirer les frais de fonctionnement. Mais en plus, seulement douze stagiaires avaient été recrutés au lieu de vingt prévus initialement… Pire : le contrat avec l’organisme de formation n’aurait jamais été validé !

Des dirigeants qui se seraient gavés !

Autre soucis dans les finances du club : le SNAF Mondial Cup. Le 13 janvier dernier, le comité directeur avait voté contre la tenue de la deuxième édition de ce tournoi international U17 dont le budget avoisine les 80 000 euros. Mais le lendemain du vote, Mathieu Baholet et deux dirigeants du club ont précisé que le tournoi aurait bien lieu au mois de mai… avec la venue de huit équipes étrangères dont Palmeiras (Brésil), Zenith Saint-Pétersbourg (Russie) ou le Club America (Méxique).

Or selon nos informations, la personne qui gère l’agence de voyage qui s’est occupée de gérer tous les transports et hébergements de ce tournoi fait également partie du comité directeur du SNAF. Et celle-ci avait, bien sûr, milité pour que cet événement très coûteux se déroule en mai 2019. D’après les documents que nous nous sommes procurés, cela représente quelques dizaines de milliers d’euros… pour cette année !

Car en 2018, l’agence de voyage de cette personne, dirigeante du SNAF, avait dû prendre des billets de train pour faire venir des clubs professionnels de l’Hexagone. Sauf que ceux-ci avaient initialement des billets d’avion qui n’ont pas pu être remboursés ! Sur ce tournoi, un autre dirigeant a largement fait travailler son entreprise de boissons, qui se trouvait en difficulté, alors qu’il n’est même pas partenaire du club.

Et il ne faut pas oublier non plus cet autre dirigeant, viré en début d’année 2019, qui a réalisé des achats dans une grande enseigne de sport pour des dizaines de milliers d’euros. « On n’a toujours pas vu la couleur de tout le matériel ou des équipements » témoigne un éducateur du club.

Le nouveau président se veut confiant !

Entre des mensonges sur les comptes et des malversations manifestes, le Saint-Nazaire AF est donc passé de 140 000 euros de fonds propres – 100 000 euros sur le compte bancaire ainsi qu’un placement de 40 000 euros – à plus de 250 000 euros de déficit… sans compter des factures qui restent encore impayées ! Ce qui représente presque 400 000 euros de différence ! Oupsss…

Malgré ces aléas qu’il découvre petit à petit, Lala Razanajatovo, le nouveau président, veut rester confiant. « Le SNAF a été sanctionné pour l’ingérence et les manquements de certaines personnes depuis plus de deux ans, indique un communiqué du SNAF. Ces gens ont fait beaucoup de mal au club. Malgré beaucoup d’amertume et déception, le Président et l’ensemble des membres du Comité de direction réaffirment leur engagement et leur volonté de rebâtir et structurer le club sur des bases saines. »

Il faudra néanmoins opérer un grand ménage ! Concernant la décision de relégation en Régional 1 de l’équipe fanion, Lala Razanajatovo nous a assuré sa volonté de « redonner du sens au projet sportif et humain ». Le club va donc saisir le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) en conciliation afin de pouvoir repartir cette saison en National 3.

>>> A suivre… Episode 2, le lundi 15 juillet dès 7 heures !

Jérome Bouchacourt