En deux ans, le SNAF est passé d’une trésorerie de 140 000 € à un gouffre abyssal de 250 000 €. On a enquêté sur les pertes du club nazairien. (Episode 2)

Tout d’abord, nous avons demandé à Mathieu Baholet, l’ex-président qui a démissionne le 4 juin, ce qu’il pensait de certains faits énumérés dans notre épisode 1. « J’ai peut-être une part de responsabilité mais par contre, on ne peut pas dire que j’ai pris de l’argent au club, assure-t-il. J’ai juste fait confiance à l’expert-comptable et à certains dirigeants. Il y a sûrement des personnes en lesquelles je n’aurais pas dû avoir confiance. Et puis l’équipe première nous a coûté très cher. »

Il accuse donc à demi-mot Daniel Bréard. Car l’équipe fanion coûtait environ la moitié du budget du club. « La direction du club nous a donné un budget en début de saison pour le groupe National 3 et on ne l’a pas dépassé, précise le technicien nazairien. Par contre, on s’est rendu compte de certaines choses dès le mois de novembre. »

« Tout ça n’est pas très clair ! »

Parmi celles-ci, il y a le centre de formation BPJEPS. Dans le prévisionnel du SNAF, il devait rapporter 130 000 euros. Sauf qu’il fallait vingt stagiaires pour arriver à ce montant et il n’y en a eu que douze. Le montant exact que le club aurait dû recevoir était de 6 700 euros par stagiaire… mais en déduisant les frais de fonctionnement de la structure. Le centre de formation n’a donc pas rapporté ce qui était prévu. Mais là aussi, il y a un problème. « Tout ça n’est pas très clair, il n’y a notamment pas de contrats signés » s’interroge Lala Razanajatovo, le nouveau président.

Mais est-ce que tout cela aurait pu être évité ? « En novembre, on a fait le tour de nos contacts avec Jonathan Joseph-Augustin afin de trouver des personnes qui pourraient être intéressées pour investir au club, indique Daniel Bréard. Nous avons rencontré Monsieur Razanajatovo qui a adhéré pleinement à notre projet. »

L’homme d’affaire malgache est d’ailleurs venu à Saint-Nazaire au mois de décembre puis au mois de février… mais la direction du club n’a pas souhaité qu’il s’engage à ce moment-là. Les problèmes financiers n’étaient en effet connus qu’en interne et la gestion du club n’était pas encore vraiment contestée. « Alors qu’il devait venir pour investir, Monsieur Razanajatovo vient pour renflouer les caisses du club, déplore Daniel Bréard. Ce n’est comme ça que ça devait se passer ! »

La fable de la Grenouille et le Bœuf…

Le nouveau président continue donc d’éplucher les comptes du club. « Je me suis entretenu à plusieurs reprises avec l’expert-comptable mais j’ai découvert les choses seulement à partir du 1er juillet 2019, c’est-à-dire le jour de mon élection à la présidence du club, explique-t-il. Les choses évoluent au fur et à mesure mais le trou se creuse aussi de plus en plus au fil des découvertes… Et c’est réellement catastrophique. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi et comment le club a pu en arriver là ! »

Outre des dépenses qui posent question, le SNAF a encore de nombreux retards de paiements vis à vis de certains prestataires. Et les rentrées financières n’ont pas été celle escomptées dans le prévisionnel. Le déficit abyssal qui a été creusé cette saison au SNAF est donc une accumulation d’erreurs de gestion … à l’image de la fable de La Fontaine, la Grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le Bœuf. Car selon nos informations, le budget annoncé en début de saison était largement au-dessus de celui qui a finalement été présenté à la Commission Régionale de Contrôle et de Gestion (CRCG) de la Ligue au mois de juin.

Lala Razanajatovo ne souhaite pourtant pas jeter l’éponge ni entendre parler d’un dépôt de bilan… malgré des rumeurs incessantes ces derniers jours. « Les personnes qui racontent depuis plusieurs jours que je ne vais continuer, ce sont ceux ne veulent pas que le SNAF s’en sorte. Elles laissent planer le doute pour déstabiliser les joueurs, les bénévoles et les parents. J’ai dit que je souhaitais m’investir au club et je vais tenir mes engagements ! »

Jérome Bouchacourt