Les membres de la commission de discipline du District de Loire-Atlantique ont beaucoup de travail chaque semaine.
Les membres de la commission de discipline du District de Loire-Atlantique ont beaucoup de travail chaque semaine. (Photo Jérôme Bouchacourt)

Afin de mettre en avant le football amateur, notre rédaction vous propose désormais chaque samedi Le Grand Format. Cette nouvelle rubrique traitera à travers un long article de sujets généraux ou de reportages « sur le terrain » afin d’être toujours plus proches de vous.


Jeudi dernier, Footamateur s’est invité à la commission de discipline du District de Loire Atlantique. Une immersion totale qui va vous faire découvrir les rouages de cette commission.

Les commissions de discipline n’ont pas toujours le bon rôle. Devoir prendre des décisions à l’encontre de joueurs, entraîneurs, dirigeants ou arbitres n’est pas forcément très simple. Surtout en Loire-Atlantique, le plus grand District de France en nombre de licenciés. « Notre travail n’est pas neutre, nous avons une charge émotionnelle qui est importante » assure Patrice, le président de la commission. Mais aussi beaucoup de travail. Comme ce jeudi où la commission avait trente dossiers à traiter. Si les membres de la commission ont passé l’après-midi à décortiquer les rapports du week-end, avant les audiences du soir, ils étaient aussi sur le pont dès le matin.

« Le jeudi, on effectue le contrôle hebdomadaire des suspendus pendant près de trois heures, poursuit-il. Ce matin, on a vérifié 68 feuilles de match et on a trouvé neuf joueurs qui étaient suspendus. » Avec environ 500 rencontres chaque week-end en Loire-Atlantique, lorsque toutes les catégories jouent, il n’est pas possible pour la commission de tout vérifier. Mais le travail minutieux de Patrice et son équipe paient et les fautifs devront bien purger leur suspension. Et même plus pour ce joueur suspendu qui a… été expulsé alors qu’il n’aurai pas dû être sur le terrain !

« Eh l’arbitre, tu as bu trop de Ricard ! » 

La réunion de la commission, qui dure généralement tout l’après-midi, est rythmée par son président qui lit les dossiers. La secrétaire affiche les FMI (feuille de match informatisée) sur un écran tandis que Jean-Charles, un autre membre, vérifie les antécédents des licenciés. Les différents rapports sont lus à haute voix et le débat peut commencer sur les sanctions à prendre. La commission peut s’appuyer sur une bibliothèque des propos entendus, classés en quatre catégories : déplacés, blessants, injurieux et grossiers ou obscènes. « Chaque fois qu’on a de nouveaux propos, on les rajoute à la bibliothèque » indique Bernard, arbitre mais aussi président de la commission régionale de discipline. Et certains peuvent prêter à sourire… comme « Eh l’arbitre, tu as bu trop de Ricard ! »

La sanction est ensuite prise suivant le barème fédéral. Mais la particularité du District de Loire-Atlantique est d’avoir adopté le barème disciplinaire aggravé depuis cinq ans. « Pour les jeunes, on ajoute un match de suspension au barème afin de leur faire comprendre qu’on veut combattre les incivilités sur les terrains » ajoute Bernard. Mais la commission est aussi là pour rétablir la justice. Par exemple, un arbitre a écrit à la commission en expliquant qu’il s’était trompé de sanction en expulsant un gardien. Son carton rouge a donc été transformé en carton jaune et il ne sera pas suspendu.

Les dossiers les plus graves sont mis en instruction

Le mardi et le jeudi, ce sont les audiences à partir de 18h30. Lorsqu’un dossier demande d’entendre les protagonistes, la commission de discipline les convoque pour faire la lumière sur les faits. « Il faudra bientôt qu’on fasse des audiences le mercredi et le vendredi si le nombre de dossier est si important » souligne Françoise, la secrétaire de la commission, en plaisantant. Ce jeudi, plusieurs dossiers ont en effet nécessité des convocations.  « Les dates sont fixées après la commission suivant leur priorité » explique Patrice.

Mais d’autres sont plus importants et demandent une instruction. « La commission se dessaisit du dossier pour le mettre dans les mains d’un instructeur choisi par le comité de direction du District en début de saison, précise Bernard. L’instructeur demande des rapports ou convoquent les personnes concernées par le dossier. Il fait une synthèse et des conclusions qu’il transmet ensuite à la commission. » Une instruction, qui est généralement sur les dossiers les plus graves, peut durer jusqu’à dix semaines.

Un dossier en… U13 Féminines !

Ce jeudi, beaucoup de dossiers provenaient de rencontres de la catégorie U18. « C’est inquiétant car ce sont les seniors de demain » regrette un membre de la commission. Car ce sont surtout les comportements qui semblent alarmants avec des insultes de plus en plus violentes. « C’est embarrassant car depuis le début de saison, on s’aperçoit que ça arrive sur le football d’animation » concède Alain Martin, le président du District. Comme ce dossier en U13 Féminines où des joueuses ont été copieusement insultées par leurs adversaires et les spectateurs.

Si chaque commission se passe dans la bonne humeur, avec quelques blagues qui fusent pour détendre une atmosphère souvent pesante à la lecture des dossiers, le travail de ses membres paraît de plus en plus difficile. Les dossiers s’accumulent mais surtout c’est la violence et les incivilités de ceux-ci qui interpellent. Et si certaines fois, les sanctions prises peuvent paraître sévères, c’est peut-être la seule solution pour combattre les comportements qui gangrènent le football amateur.

Jérome Bouchacourt