12h15, nos adversaires ne sont toujours pas arrivés. 12h25, nous faisons le tour du complexe à pied en essayant de déceler la moindre activité humaine. 12h35, coup de fil… on nous attend sur le terrain de Rocheservière !!! Branle-bas de combat, nous voilà partis tambours battants dans la commune d’à côté. On nous indique où nous changer : vestiaires non chauffés ! Les paumes des pieds chaudes aspirent maintenant le froid du carrelage. En moins de cinq minutes, le froid qui nous piquait le nez est remplacé par les effluves macérés de la veille.
Amendes, amendes, amendes ! Tout le monde se change à vitesse grand V, tandis que Ben et J-P donnent un semblant de compo en fins tacticiens qu’ils sont, non sans humour. « Eh les gars, aujourd’hui, on fait la tactique de la poule ; un quat’ quat’ quedac !!! » On pourrait s’y méprendre car oui, vu l’odeur acide dans les vestiaires et l’hilarité de tous, on se croirait vraiment dans un poulailler. Mélangé à l’odeur du baume chinois, ça donne une bande de poules aux yeux bridés. On espère maintenant que la pluie ne va pas s’inviter car ça ferait une bande de poules moui****.
12h55. Il est temps d’aller s’échauffer. Autant dire que par ce froid, un échauffement de cinq minutes ne sert strictement à rien. Je suis censé prendre l’échauffement mais chacun n’en fait qu’à sa tête, du moins ils sont plus intéressés à regarder le match qui se joue à côté : un match féminin.
13h. L’arbitre nous appelle. Aujourd’hui je joue milieu défensif et je vais essayer de mouiller le maillot pour mon club et mes potes pendant 90 minutes. Et c’est parti !!!
« Certains joueurs se transforment en bûcherons ou bouchers ! »
En effet, en D5, faut bien avouer qu’on n’est pas des foudres de guerre niveau rapidité et technicité. Pour calmer les esprits, notre capitaine a toujours le petit mot avec un sourire malicieux pour l’arbitre comme : « faut pas lui en vouloir Mr l’Arbitre, il est gros, il a de l’inertie, ça s’arrête pas comme ça un gros » … Ou encore : « pardon Mr l’Arbitre, il ne sait pas ce qu’il fait, il est encore jeune, il commence juste le foot » (alors que ça fait 15 ans qu’il joue au foot…)
23e minute, c’est la délivrance, goaaaallll !!! Notre Président vient d’ouvrir le score en personne ! Et ouai, c’est aussi ça un petit club où le Président va au charbon pour montrer l’exemple. Puis le match se décante. Certains joueurs se transforment en bûcherons ou bouchers. Ça tacle au niveau des genoux, ça rentre dans le tas, béquilles, coups de coude, coups bas… regards de tueurs… mais on aime ça. Le terrain se dégrade de minutes en minutes ce qui fait plus penser à un match de rugby. La bataille psychologique commence. Nous nous mettons à reculer et l’inévitable arrive avec ce but à la 45e minute d’une belle frappe (à 2 km/h) en pleine lucarne.
Notre pauvre gardien ne peut rien faire, ses crampons ayant fusionné avec la bouillasse. 1-1 à la pause. Dans les vestiaires, notre Capitaine, notre doyen, notre « ancestropithèque », l’homme à la bouteille est le seul à nous parler, à nous réconforter. Nous le sentons, ce match est à notre portée. Mais le souci, c’est qu’on s’est souvent dit ça avant de s’écrouler en seconde période. Au sortir des vestiaires, le brouillard s’est levé et le soleil brille comme jamais. On y voit un signe, ou un canard… que sais-je. Pour ce début de seconde période, les locaux mettent le pied sur le ballon et nous font courir. Nous procédons par contre et c’est à la 67e que Youness est mis sur orbite pour nous redonner l’avantage : gooooaaallll !!! 1-2. Mais dans la foulée, nous faisons preuve de naïveté et les hommes en noir recollent au score : 2-2.
« Ça fait donc ça la victoire… »
Ça fait donc ça la victoire… un sourire au bord des lèvres, le sentiment d’une tâche accomplie, des poignées de mains pour féliciter l’adversaire qui n’a pas démérité. On remercie aussi chaleureusement les arbitres bénévoles sans qui, le monde du district ne serait pas ce qu’il est. Dans les douches on chante le cri de guerre : « Et pour le Beignon hip hip hip !!!!??? » Merde, faut répondre quoi déjà ?? Puis on prend une douche… glacée. Mais on s’en fout puisque l’essentiel est fait, nous avons gagné !!!
Rendez-vous à la buvette où une boisson nous est offerte et nous en profitons pour débriefer le match. Les jeunes passeront le reste de la journée ensemble tandis que moi, je pars retrouver mon amoureuse car faut pas abuser non plus. Mon amoureuse qui, malgré son non amour pour le football et la vie de couple assez contraignante que cela impose le week-end et ce durant une bonne partie de l’année, respecte ma passion. Alors voilà, n’oublions pas toutes ces femmes de joueurs du district, car sans elles et bien ce serait sûrement… l’orgie et donc… pas pareil !!!
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