L'US Boulogne Côte d'Opale et le FC Bastia-Borgo sont tous les deux en société. (Photo Philippe Le Brech)

Ce deuxième volet de notre enquête sur les finances des clubs met en exergue des résultats nets déficitaires et des capitaux propres en hausse.

En cinq ans, le profil financier des clubs de National et National 2 a beaucoup évolué. Ce n’est pas forcément les budgets puisque ceux-ci restent assez stables (National) ou sont en légère augmentation (National 2) mais il faut étudier les chiffres plus en profondeur avec l’évolution des produits et des charges, les capitaux propres et les résultats nets. Petite immersion dans les comptes des clubs.

Les budgets moyens

En National, le budget moyen (hors clubs professionnels) est resté assez stable avec 2,4 millions d’euros en 2013-2014 et 2,6 millions d’euros en 2017-2018. Mais par contre, il peut largement varier d’une saison à l’autre puisque ce budget moyen est descendu à 2,1 millions d’euros lors de la saison 2016-2017. Cela vient peut-être du fait que la saison précédente, ce sont le RC Strasbourg et Amiens SC, qui n’avaient pas le statut professionnel, qui sont montés en Ligue 2.

En National 2, le budget moyen est passé de 931 000 euros en 2013-2014 à 1,18 million d’euros en 2017-2018. Il suit en fait une progression constante sur les cinq saisons (978 000 en 2014-2015 ; 1,02 million en 2015-2016 ; 1,08 million en 2016-2017). « Il existe un effet ciseau car la FFF nous pousse à la dépense avec la création d’emplois ou encore l’achat d’équipements, explique Christophe Fauvel, le président du Bergerac Périgord FC. Pour avoir l’aide maximum de la Licence Club, les clubs doivent augmenter leurs dépenses. »

Résultats nets et capitaux propres

Si le budget moyen des clubs de National est resté stable, il faut se pencher plus en profondeur dans les chiffres. On remarque notamment que le résultat net est passé de – 66 000 euros en 2013-2014 à – 105 000 euros en 2017-2018. Des chiffres qui ne correspondent d’ailleurs pas vraiment avec la différence entre les produits d’exploitation et les charges. « C’est généralement dû à l’abandon de compte courant par des actionnaires, nous explique un ancien membre de la Commission fédérale de contrôle des clubs (CFCC). Ces sommes transitent en résultats exceptionnels, ce qui augmente ensuite les capitaux propres. »

L’abandon de compte courant d’associé améliore donc la structure du passif du bilan comptable, les dettes financières sont allégées et les capitaux propres renforcés. Depuis quelques années, presque tous les clubs de National sont passés sous la forme de société (SASP, SAS, SA). C’est donc la raison pour laquelle les fonds propres des clubs de l’antichambre du monde professionnel ont bondi de 134 000 euros en 2013-2014 à 329 000 euros en 2017-2018.

« C’est très intéressant pour rééquilibrer le résultat net, souligne l’ancien membre de la CFCC. Mais il faut que ce soit effectué avant le 30 juin pour que ce soit pris en compte. » Cela permet notamment à des clubs d’infirmer en appel une première décision de la DNCG qui leur a été défavorable. Pour le gendarme financier du football amateur, la chute des résultats nets n’est donc pas inquiétante si les clubs possèdent des capitaux propres.

En National 2, les résultats nets varient beaucoup plus qu’en National. En 2013-2014, ils étaient positifs de 29 000 euros en moyenne. Puis ils ont largement chuté en 2014-2015 (- 26 000 euros) avant de se stabiliser les deux saisons suivantes (- 1000 euros en 2015-2016 ; – 8000 euros en 2016-2017) avant de chuter de nouveau en 2017-2018 (- 44 000 euros). Par contre, les capitaux propres n’ont pas connu la même courbe de progression qu’en National.

Ils sont passés de 48 000 euros en 2013-2014 à 69 000 euros en 2017-2018. Est-ce plus inquiétant ? Non car cette lourde baisse des résultats nets provient dans la plupart des cas du passage en société des clubs de National 2, ce qui est désormais recommandé par les instances. Mais une question se pose tout de même… puisque, au delà des capitaux propres, les résultats nets négatifs ont chuté de 73 000 euros sur cinq ans.

« Le foot amateur attire puisque les capitaux propres augmentent, précise Pierre Rondeau, économiste du sport. Seulement les clubs sont incapables de se structurer durablement, sous forme de fonds propres, et ne parviennent pas à dégager de l’argent. Même si les investissements augmentent, la performance sportive et économique n’est pas assurée. Ce qui augmente le risque de faillite en cas de perte continue. » Les cas Colmar, Luçon ou encore Limoges en sont la preuve ces dernières années.

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Jérome Bouchacourt