Photo Philippe Le Brech

Exclusion de certains candidats, composition non conforme, modification règlementaire… la commission fédérale d’arbitrage est au cœur des débats.

La commission fédérale de l’arbitrage (CFA) est la seule de la Fédération Française de Football qui n’est pas encore complète. Le 13 juillet dernier, le comité exécutif avait en effet refusé les deux membres présentés par la Ligue de Football Professionnel (LFP) qui étaient Saïd Ennjimi et Philippe Malige. « Les deux posent problème, notamment pour des questions réglementaires, avait alors expliqué Éric Borghini, membre du Comex et président de la CFA, à L’Equipe. Philippe Malige est devenu un opposant tandis que Saïd Ennjimi est dans les médias, ce qui n’est pas compatible. »

Depuis, cette CFA se réunit donc sans les deux membres de la LFP. De plus, Saïd Ennjimi a l’avantage d’être le président de la Ligue qui a perdu le moins de licenciés sur les cinq dernières saisons comme nous l’avons indiqué dans le premier volet de notre dossier. « Le règlement de l’arbitrage de la FIFA exige en effet que la Commission des Arbitres soit d’une part exclusivement composée d’arbitres, et d’autre part que les ligues professionnelles n’y soient pas représentées pour des raisons évidentes de risques de conflit d’intérêt, nous a précisé Eric Borghini. Néanmoins, nous avons instauré une structure de dialogue permanent entre les deux instances, LFP et CFA, qui répond aux règles internationales. »

La FFF va à l’encontre du règlement FIFA

Nous avons consulté le règlement de la FIFA concernant l’arbitrage… et bizarrement, on ne retrouve pas tout à fait les arguments du président de la Commission Fédérale d’Arbitrage. « La commission des arbitres doit exclusivement être constituée d’anciens arbitres (ayant de préférence officié au plus haut niveau de leurs compétitions nationales) et compter un président, un vice-président et un nombre opportun d’autres membres. Ses membres ne doivent être affiliés à aucun club, ligue ou autre entité footballistique, pas plus qu’à une entité d’arbitres (syndicat, association, etc.). Les arbitres en exercice ne sont pas éligibles au poste de membre de la commission des arbitres. »


Le règlement FIFA sur la commission des arbitres


Si le terme Ligue est bien présent dans le règlement, il peut aussi bien convenir pour la LFP que pour une Ligue régionale. Mais pour aller encore plus loin dans ce règlement (à consulter ci-dessous), l’article 2 souligne que « Le président de la commission des arbitres peut être un ancien membre du comité exécutif (sous réserve que la réglementation de l’association membre concernée le permette) mais doit être un ancien arbitre de haut niveau ». Or Eric Borghni est président de la Ligue de Méditerranée, membre du Comex de la FFF (et non pas ancien membre) et il n’a jamais été arbitre de haut-niveau. Selon la FIFA, il ne devrait donc pas être président de la CFA.

Une réforme rejetée par les présidents de Ligue et de District

Pire, la FFF a décidé de changer les modalité de composition de sa commission fédérale de l’arbitrage. Dans les modifications règlementaires proposées lors de la prochaine assemblée fédérale, on trouve une réforme de la composition de la CFA où il est clairement indiqué, « en conformité avec les textes de la FIFA », que « le Président peut être un membre du Comité Exécutif ». Alors que c’est en totale contradiction.

Comme l’avait assuré L’Equipe, la Commission Fédérale de l’Arbitrage est « un État dans l’État ». Mais c’est surtout qu’elle ne met pas du tout en place de politique nationale, comme nous l’ont confié de nombreux élus régionaux et départementaux qui travaillent tous de leur côté sur l’arbitrage amateur. Il est d’ailleurs fort probable que les présidents de Ligues et de Districts rejettent en masse la réforme proposée par la FFF le 11 décembre prochain !

Jérome Bouchacourt