Manuel Abreu
Manuel Abreu a été entraîneur du Stade de Reims dans les années 90 puis de la Sainte-Anne de Reims il a deux ans. (Photo Philippe Le Brech)

Le derby entre la Sainte-Anne et le Stade de Reims a déjà eu lieu en championnat dans les années 90. Ce qui rend ce match encore plus croustillant.

C’est un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Avant de retrouver la Ligue 1, à l’été 2018, le Stade de Reims a vécu une période noire. Plombé par de lourdes dettes, le sextuple champion de France (1949, 1953, 1955, 1958, 1960, 1962) a subi une double liquidation judiciaire en octobre 1991 puis en mai 1992. Le club est rétrogradé en Division d’Honneur. La saison suivante, le double finaliste de la coupe d’Europe des clubs champions (1956, 1959) stagne en milieu de tableau de DH alors que la Sainte-Anne de Reims termine en tête avec une accession en National 3.

Le Stade de Reims va monter la saison suivante et retrouver son concurrent rémois, qui lui grille pourtant encore une fois la priorité avec une accession en National 2 à l’issue de la saison 1994-1995. A cette époque, la mairie demande à la Sainte-Anne de quitter son modeste stade des Coutures pour jouer à Auguste-Delaune. « On était prioritaires donc on jouait le samedi soir, raconte Hervé Papavero, ancien défenseur du club rémois, au micro de RMC Sport. Il y a eu quelques anecdotes. L’entraîneur de l’époque Tony Gianetta, et son adjoint Manuel Abreu, en avaient marre de ramasser les escalopes des bourrins de la Sainte-Anne. »

Le Stade de Reims se servait à la Sainte-Anne…

La dynamique commence à s’inverser à partir de la saison 1996-1997 où la Sainte-Anne – redescendue immédiatement en National 3 – termine derrière son illustre voisin (11e contre 3e). La saison suivante, les deux clubs ne se retrouvent pas ensemble dans le nouveau championnat appelé CFA2. Le Stade de Reims termine en tête du groupe C alors que la Sainte-Anne redescend en Division d’Honneur après sa dernière place dans le groupe A. « Quand la Sainte-Anne a commencé à chuter, j’ai récupéré beaucoup de très bons joueurs » raconte Manuel Abreu… qui a ensuite entraîné le deuxième club rémois de 2018 à 2020 !

Les deux clubs ne se retrouveront plus en championnat. Enfin presque puisque la Sainte-Anne a affronté la réserve du Stade de Reims en CFA2 lors des saisons 2006-2007 et 2008-2009. Mais Jean-Pierre Caillot a souvent aidé la Sainte-Anne avec son entreprise de transport. Et il a même été au comité directeur. Si le président du Stade de Reims, depuis 2004, est proche du club voisin, c’est aussi le cas d’Antoine Contardo, le président de la Sainte-Anne, qui est partenaire du… Stade de Reims via ses sociétés dans l’automobile !

Deux anciens cadres du Stade de Reims avec la Sainte-Anne

Ce match entre la Sainte-Anne de Reims et le Stade de Reims au stade Auguste-Delaune est donc symbolique par l’histoire des deux clubs. Mais pour la formation de Régional 1 – qui compte onze victoires en autant de journées de championnat – c’est aussi la deuxième fois en trente-deuxième de finale de la coupe de France après Montpellier en 2020, avec une courte défaite (0-1).

Toujours pour l’anecdote, la Sainte-Anne comptera dans ses rangs deux anciens cadres du Stade de Reims, Mickaël Tacalfred (40 ans) et Anthony Weber (34 ans). Des défenseurs qui ne comptent pas moins de 919 matchs chez les professionnels à eux deux ! Ce derby ne manquera donc pas de piquant.

Jérome Bouchacourt