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Changement Monsieur l’arbitre… 2018 tu sors, 2019 tu entres ! Le titre mondial de nos Bleus cet été fut le point d’orgue d’une année footballistique bien terne à mon gout. Que retenir de cette année et qu’espérer de la suivante ! Un seul mot me vient à la bouche pour répondre à cette question : le JEU ! Je vous vois venir : « c’est ce qu’on fait tous les dimanches déjà » me direz-vous. Bizarrement, au moment de faire le bilan de 2018, je cherche le jeu.

Et le paradoxe est encore plus frappant à l’heure des réseaux sociaux, abreuvés que nous sommes quotidiennement par les articles dépourvus de la moindre analyse tactique des grands médias sportifs. Nous sommes nombreux à critiquer ces médias nationaux et leurs titres racoleurs, leurs spéculations à chaque mercato, leurs infos plus ou moins vérifiées, leurs enflammages sur des joueurs ayant réussis 10 bonnes minutes en L1. Et pourtant ! Encore une fois je vous vois venir, « quel rapport avec le foot amateur ? » Il est pourtant évident !

Plongez dans vos souvenirs, allez-y ! Je vous mets tous aux défis de me trouver 5% d’articles positifs sur l’année passée ! Attention, loin de moi l’idée de faire croire qu’il n’y a eu que des agressions, des menaces, des intimidations, des bagarres en 2018. Non, vraiment, sinon je ferais du sensationnalisme comme nos « Grands Médias ». Non, je vous demande d’aller chercher bien plus loin, de me faire rêver avec un article de fond où il est juste question de ballon rond, de tactique, d’analyse, de compréhension de jeu. Alors oui, on ne peut pas nier que les réseaux sociaux permettent aujourd’hui au football de tous niveaux d’avoir une visibilité beaucoup plus large.

« Les têtes gonflent aussi vite que le niveau footballistique décline ! »

Mais le monde amateur ne se professionnalise-t-il pas dans le mauvais sens du terme ? Je ne parle même pas d’argent ici, je parle de valeurs.  Encore une fois ce mercato de Janvier peut potentiellement nous amener sa bonne dose de rire avec des changements de clubs au bout de 4 mois au motif que l’on ne joue pas assez. Il est loin le temps où il fallait batailler pour se faire sa place dans un nouveau club, l’ère du joueur roi est devant nous (cf Manchester United et Mourinho).

Si ce texte me vient aujourd’hui, il résulte de discussions impromptues avec d’anciens joueurs, ni trop vieux pour être aigri mais ni trop jeune pour connaître le « milieu ». Que ressort-il de ces discussions ? On va faire simple en une phrase : « les têtes gonflent aussi vite que le niveau footballistique décline ». Je vous vois venir, « encore un vieux aigri de pas avoir eu son heure de gloire ». A ceux-là je répondrais juste une chose, si vous aviez seulement connu ce bonheur simple du lundi matin d’acheter son journal pour espérer y voir son nom, vous auriez tout donné en semaine pour jouer le week-end en DRH, DSR ou DH.

Mais aujourd’hui un triplé en D5 et vous voilà le héros du district et de la toile. Alors bien sûr il faut vivre avec son temps, mais s’il vous plait messieurs redescendez d’un cran quand même, vous allez tous au boulot le lundi pour vivre, donc le football ne voulait pas de vous à haut niveau. Belle galère à gérer pour les coachs, la naissance des égos surdimensionnés en amateur.

Et bien non messieurs les coachs, je ne prends même pas votre défense. Je pense même que vous êtes en partie les instigateurs d’une partie de ces changements. Pas un week-end, quasi pas un résumé de match sans avoir la sacro-sainte phrase : « je n’aime pas parler de l’arbitre mais là ça commence à faire beaucoup » ! Phrase assez simple, les arbitres n’ayant pas de droit de réponse. Mais je peux vous comprendre, ces stars que vous avez façonnées trois fois par semaine et qui le dimanche se voit privées d’un succès ou d’un nul par un coup de sifflet malheureux. Alors que dans le même temps vos joueurs ont livré un match plein, aucune passe ratée, aucun contrôle loupé, aucun mauvais choix dans les deux surfaces. Comment ne pas avoir pu faire la différence avant alors quand on a tant de maîtrise ?

« On s’en fout, on joue et on verra ! »

De la même manière, en 2018 on l’a souvent lu : « on lâche des points devant un adversaire qui a refusé le jeu ». On l’a tous connu cette défaite frustrante devant un adversaire qui ne propose rien, mais on a aussi tous été un jour cette équipe qui joue sur sa solidité car elle se sait moins forte (cf match de coupe de France entre un petit et un gros). Pensez-vous messieurs les coachs amateurs qu’en 2019, vous puissiez nous parler de vos qualités ou lacunes de jeu dans vos comptes-rendus ?

Par exemple, « on se met en danger tout seul par manque de concentration et on donne l’opportunité à l’adversaire de revenir dans le match en offrant un coup de sifflet litigieux mais dû à notre mauvaise gestion » ou encore « devant cet adversaire qui était venu défendre avec ses armes nous n’avons pas fait preuve de patience et nous avons buté dans le cœur du jeu au lieu de les faire courir, de les aspirer pour ensuite les prendre par les côtés » mais surtout le summum « mes choix tactiques n’ont pas été concluants, j’aurais dû procéder à des ajustements plus tôt après avoir analyser les 15 premières minutes de jeu de l’adversaire ».

Mon dieu que j’aimais ces fameuses 15 première minutes. Celles après lesquels tu connais quasiment tout de ton adversaire, son pied fort, son premier pas après le contrôle, ses connexions favorites, son organisation du jour, son ambition de jeu du jour. Mais cela n’intéresse plus personne aujourd’hui : « on s’en fout, on joue et on verra ». Une pensée à tous les gardiens ou coéquipiers qui vont répéter pendant 90 minutes à leur collègue qui prend le bouillon, « attention il a que son pied gauche, arrête de te jeter et cadre-le ». En 2018, le football amateur a stagné, alors que son niveau technique aurait tendance à progresser, son niveau tactique et son QI Football a pris une claque, mais pas grave, on élit encore les meilleurs joueurs du début de saison.

En 2019, allons-nous pouvoir élire le meilleur bloc défensif ? La meilleure animation offensive ? Le meilleur joueur de l’ombre ? La meilleure lecture du jeu ? La meilleure gestion d’un match (temps fort temps faible) ? Allons-nous juste pouvoir revenir aux fondamentaux, parler ballon rond, respecter les arbitres, se dépouiller contre son adversaire sur le terrain puis boire une bière ensemble à la fin avec le sentiment du devoir accompli mais pas d’avoir été à la guerre. Le foot est le reflet de la société donc espérons que 2019 sera porteur d’une nouvelle dimension footballistique où le jeu reprendra ses droits. Les « Grands Médias » ne veulent pas le faire. Mais à notre niveau tout est encore jouable, le foot est un jeu… et en amateur encore plus.

Bonne Année 2019 et amusez-vous sur les terrains !