L'AS Monaco Foot Féminin a pris l'habitude de briller en coupe de France

Sur le Rocher, le football féminin tente de se faire sa place. L’AS Monaco Football Féminin – aucun lien avec le club masculin de la Principauté – ne ménage pas ses efforts pour se structurer et poursuivre son développement malgré une situation sanitaire qui a ralenti son ambition sportive.

Il y a quelques jours Stéphane Guigo, l’entraîneur de l’ASM FF, a pu adresser une question à la Ministre des Sports, Roxana Maracineanu, quant à l’éventuelle poursuite de la Coupe de France Féminine. Pas dit que la réponse très approximative de cette dernière l’ait beaucoup aidé. Mais l’épreuve ne devrait pas reprendre. Un nouveau coup dur à encaisser pour une équipe dont le dernier match en championnat R1 datait du 11 octobre dernier…

« D’autant qu’on avait vraiment un petit espoir de faire entendre nos arguments. C’est le charme de la coupe de France que le côté amateur rencontre le côté professionnel. Donc, automatiquement, certains ne vivent pas que du football. Mais c’était aussi le cas pour l’épreuve masculine qui, elle, a repris. Si en championnat on savait que c’était mort là c’était aussi vraiment faisable au niveau du calendrier. Il n’y avait pas tant de matchs que ça à rattraper et même en n’attaquant que fin mars on aurait pu faire disputer la compétition. »

Le technicien de l’AS Monaco Football Féminin avait pu s’appuyer sur cette « carotte » pour garder son groupe de joueuses très concerné. Malgré la fin de saison et les restrictions sanitaires à gérer, il compte toujours sur la motivation de ses joueuses pour les prochaines semaines. « Avec l’optique de reprendre en coupe on s’entraînait normalement mais uniquement le week-end, où on doublait les séances samedi et dimanche, puisque le couvre-feu à 18 heures rendait impossible des entraînements en semaine. Depuis qu’on est confiné les week-end dans la région on envoie programmes aux filles. Même si on a plus rien à jouer on va continuer à s’entraîner – les filles sont demandeuses on a beaucoup de chance avec ce groupe – avec l’espoir qu’on pourra reprendre des matchs amicaux en avril/mai pour finir la saison comme ça.  »

« Je ne sais même pas si l’AS Monaco sait qu’on existe »

Les ambitions sportives sont, de fait, également reportées à plus tard. Le club ambitionne de grimper en D2. L’an passé, au moment de l’arrêt, il était deuxième (et donc barragiste) de son championnat et pouvait espérer mieux. Les Monégasques ont aussi pris la bonne habitude de régulièrement briller en coupe(s) ces dernières saisons. Les résultats sont donc des plus satisfaisants malgré la frustration de ne pas pouvoir aller plus « vite » dans l’ascension.

Au contraire des nombreuses sections féminines de club pro’ qui ont vu le jour ces dernières années, l’AS Monaco Football Féminin ne peut en outre chercher à rejoindre les sommets que par ses propres moyens. « Je ne sais même pas si l’AS Monaco sait qu’on existe », préfère sourire Stéphane Guigo. « La Fédération a mis dans l’obligation les clubs professionnels d’avoir une section féminine mais Monaco préfère payer une amende… On n’a pas le même numéro d’affiliation à la Fédération, nous sommes vraiment une entité à part. »

Une entité autonome qui a déjà son petit vécu. Le club a en effet vu le jour en 1976, avant de disparaître en 2010 pour revenir quelques mois plus tard sous son nom actuel. Il compte aujourd’hui environ 150 licenciées, chiffre qui a triplé au cours des dernières années, et des équipes U15, U18 ainsi qu’une école de football.

« En attendant l’éclaircie »

Une dynamique qui s’appuie sur un gros travail effectué sur la préfo’ et la formation mais aussi dans les secteurs socio-éducatif, marketing et communication. Responsable du développement de l’ASMF Thomas Martini s’est exprimé il y a quelques jours sur le site de la Ligue Méditerranée, dont il est également membre de la Commission Régionale de Féminisation. L’occasion de parler justement de ce développement présent et futur. « Nous souhaitons amener des conditions équivalentes à celles que peuvent connaître les clubs masculins, même si aujourd’hui, il existe encore une très grande inégalité. Certains projets résultent d’une volonté d’inclure le club dans des actions sociétales (partenariats avec le Comité des Droits de Femmes de Monaco, Peace and Sport, la fondation Flavien qui lutte contre le cancer pédiatrique), sans oublier nos actions durant Octobre Rose et Pink Riboon sur Monaco. »

Les chantiers restent nombreux mais à l’AS Monaco Football Féminin on ne ménage pas ses efforts pour atteindre ses objectifs. Étape par étape. « En attendant une petite éclaircie au niveau de la situation sanitaire », conclut Stéphane Guigo. Un souhait partagé par l’ensemble du football amateur qui n’est pas beaucoup aidé en ce moment dans son envie d’exister…

Frédéric Sougey