Photo Jérôme Bouchacourt @ Sports Média

Affaires en série, arrêt des championnats, pertes financières, clubs en difficultés… 2020 aura été une année noire pour le football français.

Début janvier, personne ne pouvait penser une seconde que l’année 2020 serait aussi pourrie pour le football français. Si la pandémie de Covid-19 a précipité l’arrêt des championnats amateurs et professionnels, la Fédération Française de Football a dû faire face à des remous internes et de lourdes pertes financières avec les matchs de l’équipe de France à huis clos puis la chute de Médiapro. Sans compter le manque de lien social que tous les clubs connaissent durant les périodes de confinement.

Des compétitions à l’arrêt, une première !

Même en temps de guerre, les championnats n’avaient jamais été arrêtés. L’année 2020 restera donc comme une grande première dans l’histoire de la FFF depuis sa création en 1919. Et l’instance fédérale a dû trouver des solutions. Le Comex du 16 avril dernier aura en effet fait couler beaucoup d’encre avec notamment l’application du quotient pour départager les clubs qui n’avaient pas le même nombre de matchs joués.

Le maintien des montées et descentes dans les championnats nationaux avait aussi été décrié car certains clubs estimaient qu’ils n’avaient pas pu jouer leur chance jusqu’au bout alors qu’ils étaient encore en course pour l’accession ou la relégation. La décision pour les championnats régionaux et départementaux avait amené les Ligues et Districts à augmenter – dans la plupart des cas – le nombre de clubs par poule, un véritable casse-tête.

Florence Hardouin
Le management de Florence Hardouin (ici lors de l’assemblée fédérale de juin 2019) a été mis en cause. (Photo Philippe Le Brech)

Des remous en interne à la FFF

En janvier dernier, le quotidien L’Equipe titrait « Noël Le Graët, président de la FFF, et Florence Hardouin, directrice générale, les maîtres du jeu ». Peut-être un peu trop ? Treize directeurs sur les dix-sept que compte la FFF avaient en effet dénoncé « un climat pesant » ou encore « une ambiance délétère » dans une lettre envoyée au président de l’instance fédérale. « Florence est clivante car elle n’est pas dans le copinage ni dans l’affectif, elle veut faire avancer des projets c’est tout ce qu’il l’intéresse » avait notamment réagi Nathalie Boy de la Tour, l’ex présidente de la Ligue de Football Professionnel.

Mais rien ne s’est arrangé en 2020. La tension est restée palpable entre la directrice générale et certains directeurs. Mais elle a aussi eu des altercations avec plusieurs membres du Comité exécutif de la FFF pour lesquels « elle manque de considération », selon une source interne qui nous a précisée que l’ex-escrimeuse « ne connaissait rien au football ». Ambiance ! Si Florence Hardouin ne semble pas menacée pour l’instant, ce ne sera peut-être pas le cas en mars prochain après les élections de la FFF.

En tout cas, ces remous ne laissent pas indifférents dans les instances déconcentrées. « Au printemps, on n’a jamais vu Florence Hardouin dans les visioconférences organisées à la suite de l’arrêt des compétitions ou sur les discussions concernant le fonds de solidarité » nous a confié un président de Ligue. La rupture semble donc profonde en 2020, cette année noire pour le football français.

Caméra Ligue 1
Le football amateur sera impacté par la baisse des droits TV. (Photo Philippe Le Brech)

De lourdes pertes financières

Depuis quelques semaines, les Ligues et Districts tiennent leurs assemblées générales ordinaire et élective. Avec notamment des pertes financières sur la saison 2019-2020 pour une grande majorité, dues notamment au fonds de solidarité. Pour la FFF, il faudra attendre le mois de mars puisque l’assemblée fédérale prévue le 12 décembre a été reportée. Mais les pertes financières sont importantes. « Depuis le 1er juillet, on est à moins 24 millions à peu près, a déclaré Florence Hardouin au mois de novembre. Je ne pense pas que ça va augmenter avec le Covid car il y a l’espoir d’avoir des stades qui se rempliront en mars. »

Les cinq derniers matchs de l’équipe de France se sont joué à huis clos, donc sans aucune recette, alors que la chute de Médiapro va priver la FFF et le football amateur de plusieurs millions d’euros. Le minimum garanti est de 14 millions d’euros mais il sera désormais impossible d’atteindre les 31 millions d’euros budgétés pour 2020-2021. D’où le problème rencontré par l’instance fédérale de mettre en place un budget prévisionnel… pour l’instant.

Des affaires d’agressions sexuelles

A l’automne, le New York Times et L’Equipe ont révélé des affaires d’agressions sexuelles qui se seraient déroulées à Clairefontaine. Un éducateur et une éducatrice ont été mis en cause dans deux affaires différentes pour des faits qui remonteraient à ces dix dernières années. Les deux personnes impliquées étaient d’ailleurs toujours en poste dans des clubs la saison dernière. Ce qui a convaincu le Ministère des sports de réagir.

« L’enquête administrative va être menée dans le département dans lequel il officie (la Drôme) et consiste à étudier son parcours, ses qualifications et si des contrôles ont été faits, a explique le porte-parole du ministère à L’ÉquipeL’enquête administrative vise à répondre aux questions que soulève ce dossier. » Et notamment sur le manque de questionnement de la FFF lorsque ces faits ont été dénoncés par les victimes. Une enquête préliminaire pour « agression sexuelle sur mineur » dirigée par le parquet de Privas (Ardèche) est aussi en cours.

En conclusion, 2020 a été une année noire pour le football français à tous les niveaux. Et il faut penser à ces milliers de clubs amateurs qui ne fonctionnent que par intermittence depuis le mois de mars avec un lien social qui s’est rompu, des licenciés en baisse ou encore des contraintes (vestiaires, buvettes) malvenues. Il reste désormais à espérer que 2021 permettra au ballon rond de rouler de nouveau sans obstacle !

Jérome Bouchacourt