Samuel Allegro espère jouer encore un ou deux ans avant d'être entraîneur.
Samuel Allegro espère jouer encore un ou deux ans avant d'être entraîneur. (Photo Lucien Martin)

A 39 ans, le défenseur central passé par La Roche VF, Metz, Châteauroux, Amiens, le Red Star et Le Mans s’éclate avec la Suze FC. Confidences.

Samuel, la Suze a décroché la montée cette année après une belle saison…
« Oui, l’objectif annoncé était la montée. Le club avait quitté la division il y a trois ans et dès que je suis arrivé ici c’était le projet. »

Pour s’adapter à un niveau supérieur, il va falloir se renforcer ?
« Je pense qu’il y a un gros écart entre DH et National 3. Maintenant on est un club avec peu de moyen, mais il va falloir faire avec les joueurs de la région qui souhaitent découvrir ce niveau. Ils ont le talent pour. »

Terminer votre carrière dans un club amateur, c’est boucler la boucle quelque part ?
« Oui tout à fait. Je suis issu du monde amateur comme tout footballeur. J’avais toujours pensé y revenir un jour.  Je n’avais pas pensé jouer aussi longtemps par contre, je prends du plaisir, j’essaie d’apporter au maximum mon expérience. On voit de plus en plus qu’il y a des joueurs talentueux qui sortent du monde amateur, même des plus de 20 ans, qui arrivent à percer dans le monde pro. »

Vous êtes capitaine, vous avez connu le monde pro, vos coéquipiers sont-ils plus à l’écoute que d’habitude ?
« Le discours est peut-être plus écouté. Mais j’essaie d’être constructif à chaque moment où je le fais. De toute façon, c’est mon rôle. Ça s’est toujours bien passé avec les joueurs, jamais eu de gros soucis. J’aurais été à leur place, j’aurais été à l’écoute. »

Vous vous épanouissez dans ce club, dans ce rôle de capitaine ?
« Je m’épanouis totalement dans ce rôle à la Suze. J’ai eu la chance d’être capitaine dans les clubs où je suis passé. L’expérience fait que je suis un peu plus à l’aise alors qu’avant j’étais réservé, je parlais très peu. Ce rôle permet de s’extérioriser. Je pense avoir apporté ma pierre à l’édifice. »

Vous êtes plus proche de la fin que du début, comment voyez-vous la suite ?
« Je me vois encore continuer un ou deux ans. Je suis encore en forme, j’ai envie de jouer, de m’entraîner, de me dépenser. Dans un club simple, c’est encore plus facile. On va en discuter avec le coach, les dirigeants. En parallèle j’ai mon rôle d’éducateur au club pour valider mon diplôme. »

« Il faut être un peu plus souple si on ne veut pas de conflit ! »

Vous souhaitez rester dans le football après ?
« Bien sûr, je voudrai rester dans le football. C’est ma passion, ma vie. »

L’expérience d’une montée avec un club amateur est elle aussi forte émotionnellement que ce que l’on peut vivre dans le monde pro ?

« Chaque montée est gratifiante. Après elle est beaucoup moins médiatisée à la Suze. Dans le monde pro on a les supporters, la presse, les clubs avec énormément de monde dedans. C’est beaucoup plus fort et prenant émotionnellement. Mais à notre niveau, c’est déjà énorme de faire une montée. On est super heureux. Il y a peut-être l’équipe réserve qui va monter aussi, ça veut dire que le club travaille bien. »

Vous avez commencé votre carrière en 1998, vous sentez que les mentalités ont évoluées ?
« Les mentalités du football ont évoluées, comme la société finalement. Que ce soit au niveau pro ou amateur. On dirait que tout est dû par rapport aux plus jeunes, ils sont plus vite propulsés, ils ont un certain confort. Avant c’était très compliqué d’entrer dans le groupe. Aujourd’hui, un joueur qui n’est pas dans le groupe ou remplaçant va râler. J’ai déjà vu par le passé que pour avoir un deuxième  entraînement dans la journée, ça embêtait certain. Je ne comprenais pas que les joueurs y allaient à reculons. »

Vous sentez aussi cette différence avec vos coéquipiers les plus jeunes ?
« Je ne le sens pas trop avec les jeunes de mon équipe, mais un peu plus avec les jeunes que j’entraîne. Je sens quand certains ne jouent pas, ça commence à faire la tête. »

C’est important de comprendre ces évolutions pour devenir coach ?

« Bien sûr, j’ai la chance d’être de l’autre côté maintenant. J’ai essayé d’apprendre des coaches que j’ai connus. Il y a des choses que je sens, des choses qu’il faut faire et qu’il ne faut pas faire. Aujourd’hui j’ai l’impression qu’il faut être un peu plus souple si on ne veut pas de conflit. C’est un petit peu dû à la perte du respect de l’entraîneur comme vous dites. »