Le Futsal féminin est un des enjeux du développement de la pratique.
Le Futsal féminin est un des enjeux du développement de la pratique. (Photo Jérôme Bouchacourt)

Afin de mettre en avant le football amateur, notre rédaction vous propose désormais chaque samedi Le Grand Format. Cette nouvelle rubrique traitera à travers un long article de sujets généraux ou de reportages « sur le terrain » afin d’être toujours plus proches de vous.


Mercredi prochain, l’équipe de France de Futsal va débuter son Euro en Slovénie. C’est l’occasion pour la Fédération de mettre en lumière une pratique attractive qui séduit de plus en plus.

Dans le District du Doubs Territoire de Belfort, la trêve hivernale dure un peu plus de deux mois. Mais les footballeurs ne sont pas pour autant en vacances. Ils changent juste de terrain de jeu. « C’est vrai que la trêve est longue mais notre District a aussi la particularité d’avoir 1255 équipes de Futsal, nous expliquait Jawad Belaïnoussi, le chargé de communication et développement de l’instance départementale, début décembre. On a des championnats dans toutes les catégories durant cette période. » Comme l’a annoncé Noël Le Graët au début de sa nouvelle mandature, le Futsal est devenu un enjeu majeur pour la Fédération.

« On doit montrer que le football aujourd’hui n’est plus un football unique mais il est pluriel, explique Patrick Pion, le Directeur Technique National adjoint. Le futsal montre qu’il y a d’autres pratiques pour émerger au haut-niveau. On voit aussi qu’il y a des joueurs de Futsal qui arrivent à rebondir dans le monde professionnel. C’est un travail de très longue haleine de Pierre Jacky (le sélectionneur de l’équipe de France, N.D.L.R.) depuis 15 ans. Il faut savoir que le Futsal est désormais la première pratique dans le monde scolaire avec 180 000 jeunes. » Pourtant, le nombre de licenciés n’a pas significativement augmenté la saison dernière (+4%).

Le Futsal permet de développer la technique des joueurs, en complémentarité du football traditionnel.
Le Futsal permet de développer la technique des joueurs, en complémentarité du football traditionnel. (Photo Ligue des Pays de la Loire)

La France a pris un énorme retard sur ses voisins !

« Le futsal est une pratique qui a un avenir extrêmement important, elle plaît beaucoup aux adolescents, poursuit le DTN adjoint. Elle a des vertus pour nos joueurs. Aujourd’hui, dans nos pôles il y a une séance hebdomadaire car le Futsal apporte de la technique mais c’est aussi un jeu total car on attaque et on défend en permanence. C’est un vrai enjeu. Il n’y a pas de concurrence entre le Futsal et le football traditionnel mais au contraire une complémentarité. » Le problème, c’est que la France a pris un énorme retard sur le développement de cette pratique.

« La Fédération n’a pris conscience des enjeux du Futsal qu’en 1993, souligne Alain Charrance, pilote du pôle développement de la Ligue des Pays de la Loire. Je me souviens d’un comité exécutif où le président de l’époque, Jean Fournet-Fayard, avait lancé le sujet. Et personne ne se battait pour le prendre en main. A ce moment-là, on avait déjà dix ans de retard sur l’Espagne, l’Italie ou la Belgique. » La preuve ? L’équipe de France s’est qualifiée pour la première fois à l’Euro en 2018 alors que l’Espagne, l’Italie ou même la Russie ont toujours participé depuis la création de l’épreuve en 1996.

« Un rôle très important pour inviter les gens à faire du sport. »

La FFF veut donc tout mettre en oeuvre pour développer la pratique. « On va créer le premier pôle France l’année prochaine, ce qui va nous permettre de récupérer les meilleurs jeunes à 16 ans afin de les former pendant trois ans, informe Patrick Pion. On doit aussi faire de la promotion, notamment autour de la santé, car le football a un rôle très important pour inviter les gens à faire plus de sport. Le Futsal a d’ailleurs un rôle très important à jouer car c’est très attractif. »

Le développement du Futsal se heurte néanmoins à un gros problème : le manque d’infrastructures. « Nous avons des clubs qui souhaitent ouvrir des sections mais ils n’arrivent pas à avoir des créneaux en salle auprès de leurs mairies, explique Alain Charrance. Il faut donc envoyer un message fort aux collectivités pour ouvrir les gymnases au Futsal. Mais il existe la possibilité de construction des terrains extérieurs éclairés avec l’aide du Fonds d’Aide au Football Amateur (FAFA). »

Alain Charrance souhaite que le Futsal se développe chez les jeunes.
Alain Charrance souhaite que le Futsal se développe chez les jeunes. (Photo Ligue des Pays de la Loire)

« La cible prioritaire du développement est la structuration ! »

La Direction technique nationale a bien compris ces enjeux sur la formation des jeunes joueurs. « Il y a des pays comme le Portugal, l’Espagne, sans oublier le Brésil, où le Futsal est en complémentarité du football à 11, insiste Hubert Fournier, le nouveau DTN. Et on voit que ça permet de développer des habiletés techniques qu’on ne voit pas forcément sur le football traditionnel. » A l’image du District du Doubs Territoire de Belfort, les instances départementales et régionales doivent donc proposer plus de compétitions de Futsal pour les catégories jeunes, « avec des plages disponibles, notamment pendant la période hivernale, afin de proposer des pratiques spécifiques pour les U13, U15 et U17 » comme le précise Alain Charrance.

Mais l’élu de la Ligue des Pays de la Loire va plus loin. « La cible prioritaire du développement est tout simplement la structuration, sachant que bon nombre de clubs ont besoin d’être accompagnés, conseillés, aidés dans leur structuration à savoir la formation d’éducateurs, la formation d’arbitres, de dirigeants, d’accompagnateurs d’équipes. Il y a donc finalement beaucoup d’investissement et de travail en perspective. » Une belle performance de l’équipe de France à l’Euro 2018 serait aussi un signe fort pour la pratique. « J’invite les gens à regarder la compétition car c’est très télévisuel et ça devrait beaucoup plaire » conclut Hubert Fournier.

Jérome Bouchacourt