Benjamin Guillou et Rabie Zeroual ont le sourire... comme tout le club genôt depuis le début de saison.
Benjamin Guillou et Rabie Zeroual ont le sourire... comme tout le club genôt depuis le début de saison. (Photo Kévin Guisnel)

Neuf ans après la réception du Paris-SG à la Beaujoire, Le Poiré VF goûte de nouveau à l’effervescence d’un seizième de finale de coupe de France, ce mardi (18h) contre Strasbourg (L2). Avec la particularité de retrouver deux mêmes acteurs : Benjamin Guillou et Rabie Zeroual, l’entraîneur et son adjoint, joueurs de l’époque. Entretien croisé.

Neuf ans après, votre équipe est qualifiée pour un 16e de finale de coupe de France. Ça vous rappelle forcément quelque chose…
Rabie Zeroual : « C’est vraiment un grand souvenir. Affronter le Paris-SG, au stade de la Beaujoire, devant 28 000 personnes… Franchement, on ne pensait pas pouvoir ramener autant de monde. Il y avait un vrai engouement : tout le monde nous soutenait. »
Benjamin Guillou : « C’est dire, on ne s’entendait même pas sur le terrain. Le moindre six mètres, la moindre touche, c’était comme si on marquait. Le public était surexcité, ce qui m’a permis de mieux comprendre certaines erreurs entre deux défenseurs. Même le coach, on ne comprenait pas toujours ses consignes. D’ailleurs, on n’avait pas respecté un plan de jeu précis. Dans une enceinte aussi garnie, c’est difficile de communiquer et c’est ce qui m’a le plus surpris. »

Pas votre performance sur le terrain ? Vous tenez quand même tête au Paris-SG pendant plus d’une heure…
B.G : « Ce sont certainement eux qui sont surpris. Nous, on fait ce qu’il faut en première période. On a une ou deux occasions qu’on ne met pas au fond, on bascule à un partout quasiment dans le dernier quart d’heure. Franchement, je n’ai aucun regret si ce n’est de manquer d’ambitions en fin de match. On s’est dit que c’était déjà extraordinaire et ça l’était, c’est vrai. Mais on s’est peut-être contenté de ça. »
R.Z : « En fait, ils étaient peut-être bons à prendre à ce moment-là. On en a souvent discuté tous les deux. Et on tient le même discours. Ce manque d’ambitions et l’impression de ne pas avoir exploité toutes les possibilités. On s’est contenté du minimum. »

Bien qu’il reste encore aujourd’hui un maximum de souvenirs…
B.G : « Il y a des moments forts, c’est sûr. Quand Jonathan (Teillé) égalise, par exemple. Avec lui, mon pote du milieu de terrain, on était face à Clément Chantôme et Jérémy Clément. On essayait de leur tomber dessus, un peu comme on pouvait (il sourit et se pose). Ce n’était pas le PSG d’aujourd’hui, mais c’était quand même une grosse équipe avec Peguy Luyindula, Sylvain Armand, Mickaël Landreau, Jérôme Rothen… »
R.Z : « Des joueurs internationaux avec beaucoup de classe, tout simplement. Je pense aussi à Mario Yepes. C’était des mecs cools, même quand ils étaient en difficulté contre nous. Je me souviens d’être au marquage de Bernard Mendy, excentré côté droit à l’époque. C’est lui qui ouvre le score, en plus (il sourit). On attaquait, j’étais monté et je me fais prendre en contre. Il va tellement vite. Dès qu’il avait récupéré le ballon, il y avait déjà vingt mètres d’écart entre nous. Tout est allé très vite avec ce match. Dans la préparation, il y avait beaucoup de sollicitations médiatiques. Derrière, on vit le match mais sans être franchement libéré. Il y a tout ce public, les caméras braquées sur nous… On veut mettre ça de côté mais ce n’est pas évident. »

Les techniciens du Poiré-sur-Vie gèrent parfaitement la médiatisation de leur seizième de finale.
Les techniciens du Poiré-sur-Vie gèrent parfaitement la médiatisation de leur seizième de finale. (Photo Ligue de Football des Pays de la Loire)

Guillou : « On ne cherche pas à lutter contre cette médiatisation ! »

C’est pour ça qu’il ne faut pas que vos joueurs se laissent distraire par tous cet environnement particulier…
B.G : « On ne cherche pas à lutter contre ça. On a cravaché pour en arriver là, on s’est entraîné quatre soirs par semaine depuis le 20 juillet. Il faut en profiter, c’est évident. Mais il faut aussi faire preuve de concentration et de sang-froid par rapport à tout ça. De temps en temps, j’interpelle les joueurs quand je sens qu’il y a une euphorie qui grandit un peu trop. »

Cette expérience de joueur ne crédibilise-t-elle davantage votre discours auprès des vôtres ?
B.G : « N’importe quel parcours de joueur aide en tant qu’entraîneur. Je ne mets pas pour autant ce vécu en avant. Je ne cherche pas à être respecté pour ça. C’est le quotidien qui te rend crédible. »
R.Z : « J’entraîne l’équipe réserve, en DRS. Et ce qui est marrant, c’est que certains m’interpellent et me disent : « J’y étais ». C’est énorme ! »

Ils seront certainement présents à l’Idonnière, mardi. L’avantage de ne pas s’expatrier à la Beaujoire, comme aviez dû le faire en 2008.
B.G : « Tout le monde s’y retrouve. À choisir, je préfère jouer une Ligue 2 sur notre petit stade. »

De peur de ne pas vous faire entendre sur le banc de touche de la Beaujoire ?
B.G : « Il y a un peu de ça (rires). Une fois le coup d’envoi sifflé, ce sont les joueurs qui prennent le truc en main. On fera certainement meilleure figure à l’Idonnière, devant notre public, que dans un stade qu’on ne connaît pas et à moitié rempli. »
R.Z : « Complètement. La Beaujoire, c’était presque impersonnel pour nous. On avait même l’impression de jouer à l’extérieur. Mardi, on disputera un seizième de finale de coupe de France avec nos repères, devant nos proches et les bénévoles. L’avantage surtout, c’est de savoir qu’on n’a encore jamais perdu cette saison sur notre terrain. »

Rabie Zeroual : « On voulait que le soleil revienne à l’Idonnière ! »

Recevoir Strasbourg, et non pas une grosse équipe de Ligue 1, n’est donc pas une déception ?
R.Z : « Benji nous disait avant le tirage qu’on avait plus de chances d’être déçu que de sauter au plafond. Il n’y a que quatre clubs que tout le monde veut tirer. Mais franchement, Strasbourg est un club mythique. Je les regardais en coupe d’Europe, il y a quelques années. »
B.G : « Je n’ai pas entendu parler de déception. Au contraire, ça représente plutôt bien. C’est un club avec un grand passé, qui devrait très prochainement revenir aux premiers plans. »
R.Z : « On n’est peut-être un peu à l’ancienne (rires). Mais c’est un club qui nous parle. »

Vous ne brillez pas uniquement en coupe. Être leader de DH, c’est aussi le signe d’un équilibre retrouvé au Poiré.
B.G : « Le championnat, c’est d’ailleurs notre quotidien. Après deux dernières années compliquées, avec l’arrêt du National et la saison de transition, on cherchait surtout à retrouver une dynamique. On avait perdu le sourire. »
R.Z : « On voulait surtout que le soleil revienne à l’Idonnière, rendre le sourire aux gens. C’est revenu avec les résultats. Maintenant, il faut réussir à tout garder. »
B.G : « C’est ça qui fait plaisir. Être dans une dynamique relativement faste et voir les gens venir au stade, qui plus est avec le sourire, avec cette envie de partager. »

Propos recueillis par Kévin GUISNEL

Jérome Bouchacourt